Niger : Les négociations dans l’impasse

Niger : Les négociations dans l’impasse

Les putschistes, déterminés, ont nommé Lamine Zeine, un civil, Premier ministre.

Les appels à la négociation envoyés par certains pays de la région, par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ou les pays occidentaux, États-Unis en tête, n’ont pas convaincu les responsables de la junte militaire.

Niger: Washington a toujours de l’ « espoir » mais reste « réaliste »

Ce mardi, le pouvoir militaire qui a pris les rênes du pays le 26 juillet en renversant le président Bazoum, a douché certains espoirs en annonçant qu’il ne pouvait accueillir une délégation de la Cédéao pour des raisons de “sécurité”.

Le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées par la Cédéao ne permet pas d’accueillir ladite délégation dans la sérénité et la sécurité requises”, indique une lettre du ministère nigérien des Affaires étrangères adressée à la Cédéao qui souligne que le “report” de la mission prévue mardi “s’avère nécessaire […] pour des raisons évidentes de sécurité, dans cette atmosphère de menace d’agression contre le Niger”. Les militaires rejettent ainsi sur la Cédéao la responsabilité de cet échec, soulignant que la menace d’une intervention militaire au Niger pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum était à l’origine de ce “report”.

Un Premier ministre installé

Lundi en toute fin de journée, pour démontrer leur détermination à établir leur pouvoir, les mêmes militaires nigériens avaient annoncé la désignation de Lamine Zeine, un économiste de 58 ans, comme chef de gouvernement. L’homme est une figure bien connue des Nigériens. Formé en Niger et en France (Marseille et Paris), ce technocrate est précédé d’une belle réputation. “L’homme est compétent et dispose d’un solide carnet d’adresses au pays et dans la région où il a été en poste dans plusieurs pays pour la Banque africaine de développement (BAD)”, explique un diplomate africain qui ne tarit pas d’éloges sur ce nouveau Premier ministre présent sur la scène politique nigérienne depuis plus de 30 ans. Il a trusté plusieurs postes avant de décrocher le ministère des Finances en 2003, un poste qu’il conservera pendant 7 ans sous la présidence de Mamadou Tandja, renversé… par un coup d’État en 2010. Lamine Zeine, originaire de Zinder, deuxième ville la plus peuplée située au sud du Niger, est le premier Toubou (ethnie principalement présente dans le nord et l’est du pays) à décrocher ce poste.

Des généraux nommés

Parallèlement à cette désignation, la junte a aussi installé deux généraux qui lui sont favorables à la tête de l’inspection générale des armées et de la gendarmerie nationale ainsi qu’à la Haute Autorité à la consolidation de la paix, un organisme créé en 1995 pour assurer le suivi de la mise en œuvre des accords de paix signés, cette année-là, avec des groupes rebelles touareg, et “deux postes sensibles où les militaires en poste jusqu’ici étaient proches du président Bazoum”, poursuit notre diplomate.

Ces nominations et le “report” de la visite de la délégation de la Cédéao démontrent que la junte entend s’installer durablement au pouvoir et ne pas se laisser dicter la voie à suivre par la Cédéao ou d’autres intervenants extérieurs. L’émissaire du secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a rencontré le nouveau chef d’état-major nigérien “pendant plus de deux heures”, l’a appris à ses dépens. Dans un entretien avec la presse américaine, elle a évoqué “des discussions extrêmement franches et par moments assez difficiles”, expliquant que les “nombreuses options” proposées à la junte par Washington pour “revenir à l’ordre constitutionnel” n’ont jamais été “prises en compte de quelque manière que ce soit”.

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