L’Union européenne a sanctionné vendredi neuf personnes congolaises et rwandaises qu’elle juge responsables d’avoir commis de « graves violations des droits humains » en République démocratique du Congo (RDC) et d’entretenir ainsi « l’instabilité et l’insécurité » dans le pays. Les personnes visées et placées sur liste noire de l’UE appartiennent à des « groupes armés non-étatiques » actifs dans l’est et le nord-est du pays (M23, Twirwaneho, ADF, APCLS, CODECO/ALC, FDLR/FOCA), mais comprennent également un membre des forces armées congolaises (FARDC), un membre de l’armée rwandaise (FDR) et un ressortissant tanzanien.
L’inscription sur cette liste qui a été publiée vendredi au Journal officiel de l’UE entraîne un gel des avoirs et une interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE. Il est en outre interdit aux citoyens et aux entreprises de l’UE de mettre des fonds à leur disposition.
Parmi les neuf personnes ainsi sanctionnées figure un officier rwandais, le capitaine Jean-Pierre Niragire, qui dirige les forces spéciales des Rwanda Defense Forces (RDF, l’armée rwandaise) deployées dans la province du Nord-Kivu, a précisé le Conseil de l’UE.
Un ressortissant tanzanien, Ahmad Mahmood Hassan, a également été sanctionné pour son rôle de « dirigeant important » des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice islamiste ougandaise active dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Ce groupe armé est présenté par l’organisation djihadiste État islamique (EI) comme sa branche en Afrique centrale. Il est accusé de massacres de milliers de civils dans l’est de la RDC et d’attentats djihadistes en Ouganda.
Les sept autres noms sont ceux de Congolais, dont le général de brigade Bernard Maheshe Byamungu, alias « Tiger One », l’un des dirigeants militaires du Mouvement du 23 Mars (M23, également appelé « Armée révolutionnaire congolaise », ARC), une rébellion principalement tutsi, qui s’est emparée l’an dernier de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu.
Au total, l’UE sanctionne désormais 24 personnes accusées de violations des droits de l’homme ou d’entraves au processus électoral en RDC.
Le pays est en proie à de violents troubles depuis que la rébellion du M23 a repris les armes fin 2021, s’emparant de vastes pans de territoire du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC frontalier du Rwanda et de l’Ouganda.
Depuis le début, Kinshasa accuse le Rwanda d’armer cette rébellion et de combattre à ses côtés, ce qu’ont corroboré des experts de l’ONU bien que Kigali s’en défende.
L’UE a « condamné fermement » début juillet la présence militaire rwandaise dans l’est de la RDC.
Dans le même temps, les Européens ont appelé Kinshasa à « cesser immédiatement son soutien et sa coopération » avec différents groupes armés locaux et étrangers – notamment les FDLR (Forces démocratiques de Libération du Rwanda -, et à « prendre toutes les mesures légales et légitimes pour protéger la population civile sur son territoire ».
« L’UE continuera de suivre de près la situation dans le pays. Elle se tient prête à répertorier toute nouvelle personne impliquée dans de graves violations ou abus des droits de l’homme, ainsi que celles qui entravent le processus électoral et qui sont responsables d’entretenir le conflit armé, l’instabilité et l’insécurité, ou d’inciter à la violence », a ajouté le Conseil.