RDC : Report de la date de clôture des inscriptions pour les élections… faute de candidats

RDC : Report de la date de clôture des inscriptions pour les élections… faute de candidats

Les exigences techniques et financières ont grippé tout le processus.

Denis Kadima Kazadi, le président de la Commission électorale nationale Indépendante de la République démocratique du Congo (Ceni), en charge de l’organisation de la prochaine élection présidentielle et législative l’avait martelé à plusieurs reprises, sur tous les tons et face à tous ses interlocuteurs : “il n’y aura pas de report de la date pour le dépôt des candidatures”.

Ce samedi 15 juillet, jour J pour la clôture de ces inscriptions, la Ceni a pourtant été contrainte de modifier le calendrier et de donner une semaine supplémentaire aux candidats qui entendent concourir à ce scrutin.

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En cause ? L’absence ou le nombre très – trop – restreint de candidats enregistrés. Jeudi, à deux jours de la fermeture, le passage de la gouverneure de la province de la Tshopo dans le bureau des inscriptions de Kisangani, troisième plus grande ville du pays, faisait craindre le pire. Seuls trois candidats s’étaient inscrits. Une situation surréaliste qui a poussé la gouverneure à un appel pathétique aux candidats pour qu’ils s’enregistrent rapidement.

Comme si on pouvait trouver des candidats en dernière minute”, s’amuse un ancien diplomate congolais qui poursuit : “Le système est compliqué et la nouvelle loi, l’a encore rendu plus complexe. Dans un pays aux dimensions d’un continent, mettre sur pied une liste électorale relève du casse-tête avec ce double seuil à l’inscription et au suffrage”.

300 candidats minimum par parti

En effet, désormais, avec le seuil de recevabilité des listes, chaque parti ou regroupement (union de plusieurs partis) doit inscrire des candidats dans 60 % des circonscriptions, soit 300 candidats, sans oublier les suppléants, pour les 500 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale.

Il faut donc être capable de présenter au minimum 900 noms à travers le pays, c’est un travail colossal. Il faut préparer 900 dossiers et répondre à toutes les exigences légales en termes de documents administratifs dans un pays sans état civil, où les infrastructures sont inexistantes, l’électricité à peine disponible sur 10 % du territoire et dans un climat politique de plus en plus tendu”, poursuit un membre du parti de Moïse Katumbi qui a déposé ses candidats dans sa circonscription, ce samedi en fin de matinée. “Dans les temps. On s’attendait à une cohue le dernier jour, mais c’était très calme”.

Il faut dire que deux grandes familles, celle de Martin Fayulu et celle de Joseph Kabila, ont annoncé qu’elles boycottaient ce scrutin qu’elles jugent trop à la botte du pouvoir de Félix Tshisekedi. “Participer c’est cautionner la tricherie qui se prépare”, lance un lieutenant de Martin Fayulu.

Un budget énorme

L’autre écueil est financier. Par candidat (et ses suppléants) il faut débourser 1,8 million de francs congolais, près de 800 dollars, soit un minimum de 240 000 € par liste. Et chaque représentant du parti doit démontrer que le montant a bien été acquitté “avec la quittance ad hoc dûment complétée et imprimée”, explique un candidat qui insiste sur la difficulté de ce dernier point “dans une zone rurale sans électricité, pas moyen d’imprimer. Il faut donc aller dans la ville la plus proche. Ici, vu l’état des routes, ça se fait à moto et il faut faire plus de 200 kilomètres… Sans oublier qu’il faut aussi satisfaire au seuil de voix à obtenir, soit 1,5 % au niveau national sous peine de se retrouver sans élu. Et il ne faut pas oublier de prévoir les fonds pour les inévitables contentieux électoraux en justice. Ce poste, c’est, financièrement, une seconde, voire une troisième élection”.

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