Salomon Kalonda Della, le principal conseiller de Moïse Katumbi, est détenu depuis 45 jours en toute illégalité dans une prison militaire.
“Le point de basculement a été atteint”, explique d’entrée de jeu Me Alexis Deswaef, un des deux avocats belges (avec Me Dimitri de Beco) qui rejoignent le collectif des avocats congolais dans la défense de Salomon Kalonda Della, le principal conseiller de Moïse Katumbi, l’opposant n°1 au président Félix Tshisekedi dans l’optique de la présidentielle annoncée pour le 20 décembre en République démocratique du Congo.
Une première rencontre avec la presse pour les deux hommes alors que vient d’être confirmé l’assassinat à Kinshasa du porte-parole du parti de Moïse Katumbi. “Le même parti ciblé, ce ne peut être une coïncidence”, relève Me Deswaef pour qui il ne fait aucun doute que c’est Moïse Katumbi qui est la véritable cible.
« Tout est illégal”
Les deux avocats vont ensuite démontrer que toute la procédure autour de l’arrestation et de l’emprisonnement de Salomon Kalonda Della dans les geôles militaires est illégale, rappelant la violence de son arrestation le 30 mai sur l’aéroport de N’Djili à Kinshasa par des hommes de la garde républicaine, son maintien en détention sans qu’il ait accès à ses avocats pendant dix jours, ses auditions sans la présence de ses défenseurs et sans que les charges retenues contre lui ne soient évoquées.
Ces chefs d’accusation qui vont de la détention d’armes, à l’incitation de militaires à commettre des actes contraires à leur devoir en passant par l’atteinte à la Sûreté de l’Etat en vue d’un coup d’État, sont qualifiés de complètement fallacieux, par les avocats.
Dans ce contexte, les deux avocats ont introduit ce jeudi matin une plainte devant la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). Une nouvelle institution dirigée par Paul Nsapu, militant proche d’Étienne Tshisekedi, le père de l’actuel chef de l’État congolais, durant les nombreuses années de combat du « Sphinx de Limete » contre les régimes de Mobutu, de Laurent-Désiré Kabila et de Joseph Kabila.
”Ce sera un crash test pour cette institution”, enchaîne M. Deswaef. La plainte déposée devant le CNDH vise personnellement le général major Christian Ndaywel, le chef du renseignement militaire congolais. “L’institution qui dispose de vrais pouvoirs d’enquête devra prouver son indépendance”, a asséné M. Deswaef.
Me de Beco, lui, a expliqué que la défense de Salomon Kalonda Della allait également déposer une requête individuelle devant le comité des droits de l’homme des Nations Unies à Genève notamment pour détention arbitraire. Les deux avocats ont aussi annoncé leur intention de se rendre rapidement à Kinshasa pour s’entretenir avec leur client et leurs collègues du collectif d’avocats.
”Nous allons tout faire pour que les responsables de cette situation sachent que la communauté internationale les regarde et qu’elle ne fermera pas les yeux”, a encore expliqué Me de Beco qui s’est aussi fendu d’un message à l’attention des autorités belges. “En février, la ministre des Affaires étrangères s’est rendue en RDC. Le Roi s’y est également rendu en juin de l’an passé en compagnie du Premier ministre. De façon un peu paternaliste, on a appelé à la tenue d’élections démocratiques. Si c’était sincère, la ministre des Affaires étrangères ne peut fermer les yeux”.