RDC : Assassinat à Kinshasa du porte-parole d’Ensemble pour la République Chérubin Okende

RDC : Assassinat à Kinshasa du porte-parole d’Ensemble pour la République Chérubin Okende

Le corps du député et ancien ministre du Transport  a été retrouvé criblé de balles.

Ce qu’ils ont fait à Chérubin ne restera pas impuni”. Moïse Katumbi ne décolère pas. L’ancien gouverneur du Katanga, président du parti Ensemble pour la République, candidat annoncé à la présidentielle du 20 décembre, est bouleversé. “Je viens de perdre un frère. Faire de la politique ce n’est pas tuer ceux qui ne sont pas d’accord avec vous. Où est l’État de droit dans notre pays ?”, interroge le candidat qui promet que “cet assassinat ne freinera pas notre action. On veut nous faire taire. Ils ont tué le porte-parole de notre parti, un homme honnête, un père de famille, ils ont arrêté mes conseillers, des partenaires. On va mener notre propre enquête pour connaître la vérité, nous n’avons plus confiance dans les institutions de notre pays.”

Guet-apens ?

Moïse Katumbi parle de “crime politique”, de “guet-apens”. Plusieurs témoignages recueillis tout au long de la journée de jeudi semblent étayer ce scénario.

Acte I. Chérubin Okende est contacté mercredi matin par un magistrat qui lui annonce qu’une convocation l’attend pour une séance de travail. Le député doit s’expliquer sur son patrimoine au sortir de son poste de ministre des Transports qu’il a occupé un peu plus d’un an avant de démissionner comme ses collègues Christian Mwando (ministre du Plan) et Véronique Kilumba (vice-ministre de la Santé) suite au retrait de leur parti Ensemble pour la République de l’Union sacrée, bâtie pour assurer une large majorité parlementaire au président de la République Félix Tshisekedi.

Acte II. De retour chez lui, découvrant que cette invitation est pour le 13 juillet, l’ancien ministre rédige une demande de report de 24 heures et retourne en milieu d’après-midi à la Cour constitutionnelle pour déposer ce courrier. C’est son garde du corps qui est chargé de déposer la demande pendant que l’ancien ministre l’attend au volant de son véhicule dans le parking de la Cour constitutionnelle.

Acte III. De retour sur le parking, le garde du corps constate que le véhicule a disparu. Il tente de joindre son patron au téléphone. Celui-ci ne répond pas. Pensant qu’il a eu une “mission urgente”, le garde du corps rentre en taxi-moto au domicile de Chérubin Okende.

Acte IV. Les heures passent. Devant le silence du député, l’inquiétude se dessine. Les coups de fil se succèdent. Les premiers témoignages de vigiles en poste sur le parking de la Cour constitutionnelle arrivent. Ils indiquent que six individus armés, en civil, sont entrés dans le véhicule et ont contraint l’ancien ministre a démarré. À peine sorti du parking, devant l’enseigne Maison de France, un des assaillants a pris le volant et le véhicule est reparti. Face à cette annonce, les premiers messages apparaissent sur les réseaux sociaux parlant d’un enlèvement de l’ancien ministre sur le parking même de la Cour constitutionnelle située dans le centre de Kinshasa dans le quartier “Royal”.

Acte V. Jeudi matin, sur le coup de 5 heures, les premiers signalements sont donnés. Un véhicule se trouve sur la route Poids lourd qui mène au Boulevard du 30 juin. Pas très loin de la Gare centrale. Derrière le volant, le corps criblé de balles de Chérubin Okende. La police procède aux premiers constats. Une des filles de Chérubin Okende est amenée pour identifier le corps.

Assassinat politique

Les condamnations sont unanimes. L’opposition politique pointe la responsabilité du pouvoir en place et rappelle les termes du discours du président Tshisekedi ; le 25 juin, de passage à Mbuji-Mayi. Ce jour-là, le président de la République avait lancé : “Je m’attaquerai sans hésitation, sans remords à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays. Peu importe ce que l’on dira : violation des droits de l’homme, privation de liberté. Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit”. Ce jeudi en début d’après-midi, le président Félix Tshisekedi s’est fendu d’un message de soutien à la famille de la victime et pour annoncer que tout sera mis en œuvre pour découvrir les coupables.

Beaucoup de parallèles ont aussi été tirés entre cette exécution et la mort de Floribert Chebeya, le défenseur des droits de l’homme, assassiné en 2010 dont le corps avait été retrouvé au petit matin dans sa voiture. Mais si Chebeya avait été asphyxié. La violence de l’assassinat de Chérubin Okende apparaît comme une signature quasi mafieuse visant à effrayer ses proches.

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