L’Africa Museum remise plusieurs statues coloniales hors de son parcours de visite

L’Africa Museum remise plusieurs statues coloniales hors de son parcours de visite

Une page se tourne, enfin. Après des années de rélexion et d’atermoiments, l’Africa Museum va enfin remiser plusieurs statues datant de l’époque coloniale, qui représentaient l’Afrique et les Africains de façon stéréotypée et qui glorifiaient la colonie et ses fondateurs. Un espace d’exposition supplémentaire pourra ainsi être créé.

L’africa Museum, situé à Tervuren, annonce qu’il va prochainement enlever un ensemble de statues datant de l’époque coloniale de son parcours de visite. Exposées dans une section introductive du musée « afin de questionner la propagande coloniale », ces statues seront placées dans un endroit « plus discret » uniquement accessible lors de visites guidées et commentées, a annoncé le musée par voie de communiqué.
Le « dépôt des statues », une installation présente au début du parcours visiteurs, avait été créé en 2018 dans l’idée de représenter une sorte d’entrepôt où sont remisées des statues représentant les Africains de façon stéréotypée et glorifiant la colonie et ses fondateurs. Rouvert en 2018, après plusieurs années de travaux, le musée a repensé sa muséographie pour y inclure la question du colonialisme belge et de ses effets sur les populations des pays colonisés: Burundi, Congo et Rwanda.
Les statues ainsi regroupées avaient pour objectif  « de reconstituer la propagande coloniale et de stimuler un dialogue sur la représentation de l’autre, le racisme et la colonisation ». Mais le fait est que, en l’absence de carton explicatif, l’installation apparaissait au minimum totalement anachronique et dans la plupart des cas, gênante et contre-productive.
Le musée, qui célèbre ses 125 ans cette année, juge désormais que l’installation « manque de clarté ». « L’idée de mise au placard n’est pas identifiable au premier coup d’œil et l’ensemble continue, de façon involontaire, de contribuer à la représentation négative de l’Afrique », souligne l’institution.
La zone introductive du musée va donc être totalement repensée et les statues seront placées dans un endroit « plus discret » où l’histoire du musée et la représentation coloniale pourront être abordées plus en profondeur lors des visites guidées. « Les guides décideront s’ils intègrent ces statues à leur visite. Beaucoup nous on dit que ce serait le cas », explique Sofie Bouillon, porte-parole du musée. « Les statues ne seront pas visibles en dehors de ces visites guidées. »

Expositions temporaires et recherche

Conséquence heureuse de cette décision: l’espace ainsi libéré sera consacré à l’organisation d’expositions temporaires et d’une exposition consacrée à la recherche de la provenance des nombreux objets présents dans les collections du musée, exposition qui ouvrira au début de l’année 2024.
Le musée souligne par ailleurs que d’autres « représentations coloniales négatives » restent présentes au sein de l’exposition, mais sont, cette fois, accompagnées d’une mise en contexte et d’explications afin de témoigner du climat de l’époque.
Pour prolonger la réflexion sur ces survivances lourdes de sens et de symboles, on lira avec intérêt le livre que l’auteur Christophe Boltanski a consacré au statut hétérogène de l’Africa Museum et aux questions que cette ancienne institution muséale doit encore régler…
>> King Kasaï, Christophe Boltanski – Editions Stock – Ma nuit au musée, 152 pp., 18,50 €, version numérique 13 €

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