Des ONG congolaises des droits de l’homme se sont insurgées lundi de déclarations faites la veille par le président Félix Antoine Thisekedi Tshilombo qui a mis en garde toute personne qui mettrait en danger la sécurité du pays et sa stabilité de la République démocratique du Congo (RDC), quitte à négliger les droits de l’homme et les libertés fondamentales. M. Tshisekedi a réitéré sa détermination à protéger l’intégralité territoriale de la RDC lors d’une allocution prononcée dimanche dans le stade Kashala Bonzola de Mbuji-Mayi (sud-est) à l’occasion du jubilé d’argent de l’évêque du diocèse de cette ville, chef-lieu du Kasaï oriental.
« Je vais terminer mon propos en réaffirmant encore ma détermination à garder ce pays uni et à le pacifier, je ne reculerai pas devant les menaces et les intimidations de tout genre », a-t-il dit.
« En revanche, je m’attaquerai sans hésitation, sans remords à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays. Peu importe ce que l’on dira, violation des droits de l’homme, privation de liberté, je n’en démordrai pas parce que démocrate je suis, démocrate, je resterai, je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit dans ce domaine », a ajouté M. Tshisekedi.
Mais ces propos ont suscité lundi l’inquiétude d’une série d’associations kinoises réunies au sein du réseau provincial des ONG des droits de l’homme (Reprodhoc).
Elles soulignent, dans un communiqué, qu’il s’observe en RDC « depuis un certain temps, des violations des droits de l’homme, notamment les arrestations arbitraires, les enlèvements et détentions arbitraires, la multiplicité des services prétendument chargés de sécurité dans les endroits de forte fréquentation et des enlèvements dans la ville de Kinshasa, perpétrés par les agents se déclarant membres de services de sécurité sous des fallacieux motifs d’atteinte à la sécurité ou de menaces à la sécurité et/ou à la stabilité du pays ».
« En déclarant de ne pas accorder aucune importance aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, le président de la République affirme par la même occasion qu’il est responsable des exactions commises par les forces de défense et de sécurité en sa double qualité de commandant suprême des Forces armées et de la Police nationale congolaise et le patron des services de renseignements », ajoute le Reprodhoc.
Les ONG de défense des droits de l’homme indiquent « prendre acte de cette déclaration ». Et elles estiment que cette déclaration « contraste avec les principes de l’Etat de droit qu’il (M. Tshisekedi) ne cesse de vanter depuis son accession à la magistrature suprême », en janvier 2019.