Samedi, 25 février 2023 au Rwanda : ce n’est pas un jour comme les autres au pays des mille collines. Matin du dernier samedi du mois…
Dans la rue empruntée par notre camionnette dans Butare, nous, élèves de l’institut de la Sainte-Union de Kain, croisons des personnes munies de pelles, houes et machettes.

Que se passe-t-il ?
C’est le rendez-vous mensuel de l’Umuganda : jour de travaux communautaires obligatoires pour tous.
Nous débarquons en bord de route, nous nous munissons de pelles, de nos gants, et nous voilà partis vers les pentes escarpées le long de la chaussée.
De nombreuses personnes sont déjà au travail : il faut dire que l’Umuganda commence dès 8 heures du matin, et ce, généralement, pour trois heures. Y participent tous les citoyens agés de 18 à 65 ans.
Et à quoi va-t-on participer aujourd’hui, nous, les « touristes » belges ?
Il s’agit de creuser des fossés à flanc de colline, pour récolter les eaux, afin de limiter l’érosion des sols, car la saison des pluies approche à grands pas : c’est pour le mois prochain.
Nous nous dispersons parmi les Rwandais : ils nous montrent comment faire. Ce n’est pas facile car on se heurte aux racines des arbres, aux pierres, …
Et tout cela dans la bonne humeur.
Chacun essaie de communiquer avec son voisin, sa voisine : ce n’est pas facile : il y a bien sûr la barrière de la langue.
« Nous avons été intégrés dans différents groupes. Nous avons appris à collaborer et à briser nos aprioris sur ce peuple. Nous avons tissé des liens pendant quelques instants. Ce fut un moment enrichissant et extrêmement touchant. Cette expérience nous a permis d’être initiés au travail collectif et nous a préparé aux futurs chantiers qui nous attendaient pour la suite de notre voyage. Elle nous a donné l’impression qu’on pouvait changer les choses ensemble et nous a inculqué l’importance de protéger ses terres et ses richesses. », Ethân Koscielniak.
C’est fou comme le travail avance vite, quand tout le monde s’y met.
Même les mamans avec leurs jeunes enfants font partie de l’équipe.
A un moment, l’une d’elles quitte le groupe : le bébé a faim : la maman s’écarte un peu pour lui donner le sein.
L’enfant repu, la maman installe à nouveau son rejeton sur le dos, et reprend le travail.

Mais quelle est l’origine de l’Umuganda ?
Ce travail communautaire a été lancé juste après l’indépendance de 1962 : c’était la « contribution à l’édification de la nation ».
Devenu un programme officiel du gouvernement en 1974, et organisé à cette époque chaque semaine, l’Umuganda a permis le développement général du pays.
Ce travail obligatoire a également permis l’amélioration des infrastructures dont chacun a pu profiter : constructions d’écoles, de centres médicaux …Les Rwandais en avaient grand besoin.
Le génocide des Tutsi en 1994 a fortement perturbé cette organisation communautaire, mais celle-ci a pu être rétablie dès 1998 : là, il fallait reconstruire le Rwanda et tenter de développer un sentiment commun d’identité nationale.
Aujourd’hui, le Rwanda est réputé pour être le pays le plus propre d’Afrique : lors de nos déplacements entre Kigali, Butare, et le lac Kivu, nous avons pu apprécier la propreté des routes, et l’absence de déchets : plastiques ; cannettes… rien de tout cela dans le paysage rwandais. Et cela, le pays le doit à l’Umuganda.
Notre expérience de ce travail obligatoire avec une partie de la population de Butare s’est terminé par un très grand rassemblement de tous les participants. On a pu constater que par le biais de cette rencontre, la responsable du district a l’opportunité d’informer oralement un grand nombre de citoyens.
Et comme très souvent au Rwanda, cette rencontre s’est terminée avec des danses et des chants.
