Kenya : Le pouvoir incapable de s’attaquer aux sectes trop puissantes

Kenya : Le pouvoir incapable de s’attaquer aux sectes trop puissantes

Le tribunal de Mombasa, dans le sud du Kenya, a ordonné jeudi 04 mai la remise en liberté sous caution de l’influent pasteur Ezekiel Odero, arrêté la semaine dernière dans le cadre de l’enquête sur la mort de 109 membres d’une secte évangélique pratiquant un jeûne extrême.

La justice kényane a annoncé ce mardi qu’elle allait poursuivre pour “terrorisme” le pasteur Paul Nthenge Mackenzie, après la mort de 109 personnes dans une forêt du sud-est du Kenya où se réunissaient des membres de sa secte. Il est accusé d’avoir poussé les adeptes de son Église Internationale de Bonne Nouvelle à mourir de faim “pour rencontrer Jésus” dans la forêt de Shakahola, un dossier qui a suscité la colère dans ce pays très religieux d’Afrique de l’Est.

Le poids des églises

Devant l’ampleur des découvertes macabres, les autorités ont rapidement haussé le ton. “Ce qui s’est passé à Shakahola est un tournant dans la manière dont le Kenya gère les menaces à la sécurité posées par les extrémistes religieux”, a ainsi déclaré, le 25 avril, le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki, avant d’ajouter : “L’utilisation de la Bible pour tuer des gens, pour commettre des massacres de masse de civils innocents ne peut être tolérée.” Des propos qui faisaient suite à ceux du président William Ruto qui a promis de réprimer les mouvements religieux “inacceptables”, comparant leurs dirigeants à des “terroristes”

Dans les faits, les efforts pour mettre en place des garde-fous risquent de se heurter à une forte résistance. De précédentes propositions de surveillance de la part du Conseil national des églises du Kenya ont toutes été repoussées par le mouvement des églises indépendantes.

Plusieurs éditorialistes kényans ont par ailleurs expliqué ces derniers jours qu’il est peu probable que ce “massacre” entraîne une attitude plus ferme des autorités vis-à-vis des sectes. Les tentatives de contrôle des questions religieuses ont la plupart du temps rencontré de vives oppositions dans ce pays à majorité chrétienne, en particulier au nom de la liberté de culte. Les tensions sociales, les critiques qu’affronte le pouvoir actuellement risque aussi de le pousser à ne pas se mettre à dos le “peuple des croyants” malgré certaines critiques essuyées pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur Mackenzie, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes.

Il existe plus de 4 000 églises au Kenya, un pays d’environ 50 millions d’habitants, selon des données officielles.

Certains prédicateurs incitent les fidèles à s’acquitter de dons financiers. D’autres exercent un contrôle bien plus dramatique sur le quotidien de leurs fidèles, n’hésitant pas à détourner certains passages de la Bible pour manipuler.

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