Au moins 145 civils ont été « sauvagement exécutés » par la coalition des rebelles du M23 et des RDF (l’armée régulière rwandaise) dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 mai à Kizimba, près de Kitchanga, dans la province du Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo), a affirmé jeudi un ministre congolais, cité vendredi par l’agence congolaise de presse (ACP). « La RDC va exiger des enquêtes sérieuses pour que les auteurs tant matériels qu’intellectuels de la « Shoah » de Kizimba répondent de leurs actes devant la justice », a affirmé le ministre congolais à l’Intégration régionale, Antipas Mbusa Nyamuisi. il s’exprimait à l’ouverture des travaux préparatoires du 11e sommet des chefs d’État et de gouvernement signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba – signé en février 2013 avec comme objectif de pacifier l’est de la RDC -, à Bujumbura, la capitale burundaise.
Mbusa a dénoncé, selon l’ACP (officielle), le « terrorisme rwandais camouflé dans le M23 », une rébellion majoritairement tutsi, soutenue par le Rwanda selon des experts de l’ONU, qui a repris les armes en novembre 2021 après dix ans de sommeil.
Le ministre d’Etat a rappelé que « l’Accord-cadre d’Addis-Abeba dispose des clauses sacro-saintes, intangibles, imposables à tous, notamment la non-ingérence dans les affaires intérieures des États voisins, ne pas tolérer ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États voisins, respecter les préoccupations et intérêts légitimes des États voisins, en particulier au sujet des questions de sécurité, et renforcer la coopération régionale et une intégration économique profitable à tous ».
Mbusa, toujours selon l’ACP, a toutefois déploré le fait que « la bonne foi de laRDC » qui a créé un climat de vivre-ensemble ne lui a jamais été rendu. Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo « a tendu l’accolade, (le président rwandais Paul) Kagame a répondu par l’estocade », a-t-il dit.
Le ministre a appelé à une « évaluation sans complaisance, franche et sincère » de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba lors du sommet de Bujumbura, avec une attention particulière sur la question des groupes armés, en soulignant que la RDC veut trouver une « solution définitive » à la crise régionale.
« La recrudescence de l’insécurité provoquée par le M23 ouvertement soutenu par le Rwanda, tel qu’établi par les limiers de l’ONU dans un rapport transmis au Conseil de sécurité, démontre que la RDC n’a nullement d’ambitions bellicistes et tient à maintenir un climat de convivialité avec les pays d’origine de ces groupes armés qui tuent, violent et pillent dans l’est de la RDC », a souligné M. Mbusa..
Parmi ces groupes, il y a les FDLR (les Forces démocratiques de Libération du Rwanda, un groupe armé majoritairement hutu fondé par d’anciens responsables du génocide au Rwanda, exilés en RDC, ndlr), les RedTabara pour le Burundi et les tristement célèbres ADF pour l’Ouganda », a-t-il précisé.
Selon le ministre, la partie congolaise convie les gouvernements de ces États à ouvrir un cadre de dialogue avec ces forces négatives à travers le processus de démobilisation et de désarmement et de réinsertion sociale régional.
Le sommet de Bujumbura, auquel assisteront notamment le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le président sud-africain Cyril Ramaphosa, doit se clôturer samedi.