Les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE ont validé lundi une stratégie européenne « renouvelée » pour la région des Grands Lacs, en Afrique de l’Est, un point porté entre autres par la Belgique. Cette feuille de route devrait orienter pour les dix prochaines années la présence de l’UE auprès de la République démocratique du Congo et de ses voisins des Grands Lacs. « Nous plaidons depuis plusieurs mois pour une plus grande implication de l’UE dans cette région », soulignait la ministre belge Hadja Lahbib à son arrivée à la réunion, à Bruxelles. L’attention de l’UE se portera avant tout sur la RDC, où le conflit dans l’est du pays s’est intensifié ces derniers mois, le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda.
« L’objectif général et la principale priorité de l’UE consistent à promouvoir la paix, la démocratie et le développement durable dans la région des Grands Lacs en contribuant à transformer les principales causes profondes de l’insécurité et de l’instabilité en perspectives communes », résume le Conseil de l’UE dans sa communication de lundi.
La stratégie adoptée ouvre entre autres la possibilité de désigner un « représentant spécial de l’UE pour la région des Grands Lacs », à l’instar de ce que l’UE a mis en place pour le Sahel ou encore pour la Corne de l’Afrique. Dans leurs conclusions, les ministres des 27 invitent d’ailleurs le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, à ouvrir une procédure en ce sens. De source diplomatique, on évoque aussi la possibilité d’ouvrir un bureau à Goma, de quoi rendre plus visibles et tangibles une présence et une implication européennes davantage « orientée action », sur les plans diplomatique, politique, éventuellement militaire (formation des forces armées comme le fait déjà la Belgique avec la RDC).
L’UE se dit d’ailleurs « prête à renforcer son engagement dans la médiation, le soutien aux activités de médiation et au dialogue » dans les efforts pour résoudre les conflits qui minent la région. Au passage, les 27 « condamnent fermement les attaques de tous les groupes armés opérant en RDC », citant le M23 (que Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir), la Coopérative pour le développement du Congo, les ADF (« Forces démocratiques alliées »), les FLDR (« Forces démocratiques de libération du Rwanda »), RED-Tabara et les groupes Mai-Mai. L’idée n’est pas forcément de lancer une nouvelle initiative de médiation depuis l’UE, mais bien d’apporter un soutien visible aux États membres qui s’y impliquent et aux efforts régionaux en faveur de la paix, comme les processus de Luanda et de Nairobi.
Le soutien des 27 à cette nouvelle stratégie marque une étape importante aux yeux de la Belgique, où l’on espère qu’elle ne restera pas au stade du catalogue d’intentions, soulignait-on de source diplomatique.