Une étude menée par la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et l’UCLouvain met en garde contre l’impact du réchauffement climatique sur le lac Tanganyika. Publiée dans la revue scientifique « Environmental Fluid Mechanics », elle prévoit qu’un réchauffement de l’eau de quelques degrés pourrait déséquilibrer l’écosystème et avoir un impact majeur sur les habitats locaux. S’étirant sur 673 km le long de la frontière de la Tanzanie (à l’est) et de la République démocratique du Congo (RDC), le lac Tanganyika constitue le deuxième plus grand réservoir d’eau douce au monde, après le lac Baïkal en Sibérie. À son point le plus profond, il atteint près d’un kilomètre et demi de profondeur et couvre pas moins de 33.000 kilomètres carrés, soit environ l’équivalent de la Belgique.
Pour mener à bien leur recherche, les chercheurs ont combiné l’expertise de la VUB et de l’UCLouvain. « Nos modèles nous permettent de prévoir que, dans le cadre d’un scénario pessimiste, le lac Tanganyika se réchauffera de 3°C d’ici la fin du siècle. C’est un constat très inquiétant », affirme l’auteur principal de l’étude, Kevin Sterckx (VUB).
Les chercheurs s’attendent à ce que ce réchauffement entraîne de graves perturbations dans le mélange entre l’eau froide des couches profondes et l’eau chaude de la surface. « Si l’eau à la surface devient trop chaude, elle ne redescendra plus », affirme le professeur Wim Thiery (VUB). « Cette stagnation aura des conséquences considérables sur la présence des nutriments dans l’eau et, en fin de compte, sur l’ensemble de la chaîne alimentaire qu’abrite un lac de cette dimension ». Certaines espèces seraient qui plus est directement menacées d’extinction.
C’est un problème particulier dans les très grands lacs tropicaux comme le lac Tanganyika. « Les grands lacs des régions tropicales sont impuissants face à un tel scénario de réchauffement », conclut M. Sterckx. « C’est un peu différent dans le cas des grands lacs des régions tempérées, où il peut geler en hiver et où peut parfois se former une épaisse couche de glace sur la surface de l’eau. Pour ces grands lacs tropicaux, la stagnation des couches d’eau menace de provoquer la dégénérescence de l’ensemble de l’écosystème, non seulement dans le lac, mais également sur ses rives, où de nombreux animaux et autant de personnes vivent de la vie qu’abrite le lac. »