Un réseau rassemblant une centaine d’ONG congolaises a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de sanctionner le Rwanda et l’Ouganda pour avoir violé l’embargo sur les armes pour leur soutien présumé aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et réclamé une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes commis par ce groupe armé. Les organisations de la société civile, réunies au sein d’une coalition dénommée Réseau contre le terrorisme en RDC (RCT), ont formulé ces demandes par le biais d’une lettre publiée mercredi par des médias locaux.
Selon les ONG, la CPI devrait poursuivre les principaux responsables des actions du M23, accusé de recruter des enfants-soldats, d’attaquer la population civile et d’avoir commis des meurtres et des viols, d’avoir procédé à des arrestations arbitraires et à des actes de torture et autres atteintes aux droits humains.
La plateforme s’est félicitée de la publication, fin décembre, d’un rapport d’étape du groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo (RDC) contenant, selon elle, « des éléments constitutifs des preuves irréfutables des crimes graves commis à l’est de la RDC par le M23, avec le soutien des militaires » des forces de défense rwandaises (RDF).
Le réseau appelle dans la foulée le Conseil de sécurité de l’ONU à sanctionner Kigali et Kampala pour avoir violé l’embargo sur les armes qu’il a lui-même décrété – mais qui ne vise que les groupes armés.
Le RCT déplore enfin le fait que dans ce contexte de guerre d’agression de la RDC par le Rwanda l’Union européenne ait accordé en date du 1er décembre dernier vingt millions d’euros à l’armée rwandaise – en fait pour financer, par le biais de la Facilité européenne pour la paix (FEP), la poursuite du déploiement des troupes rwandaises au Mozambique, confronté à une insurrection djihadiste dans le nord du pays.
Des combats opposent depuis le mois d’octobre l’armée congolaise aux rebelles du M23 qui ont conquis de vastes pans du territoire de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, entraînant une brutale montée de tension entre Kinshasa et Kigali.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 et de combattre à ses côtés. Kigali dément ces accusations. Le président Paul Kagame récemment affirmé que « l’entière responsabilité » de la crise revient aux autorités de Kinshasa. Kigali reproche aussi à la communauté internationale de fermer les yeux sur le soutien supposé accordé par la RDC aux FDLR (Forces démocratiques de Libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains sont impliqués dans le génocide de 1994 au Rwanda.