Loin des missions à haute visibilité en Europe orientale, conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie, de petits contingents militaires assurent, souvent dans la discrétion, des tâches de formation au profit des armées locales en Afrique, depuis la République démocratique du Congo (RDC) au Niger et au Bénin, deux pays de plus en plus exposés au djihadisme.
L’armée belge est ainsi présente depuis 2017 au Niger dans le cadre de l’opération New Nero (ONN). Purement bilatérale, elle vise à former des bataillons de forces spéciales nigériennes pour combattre les groupes armés qui prolifèrent dans la bande sahélo-saharienne (BSS), alimentant les violences. Une douzaine de ces bataillons ont déjà été instruits et en partie équipés par la Belgique, dont certains sont engagés dans la zone sensible « des trois frontières », aux confins du Mali et du Burkina Faso.
L’instruction, actuellement donnée par cinq instructeurs issus du Groupe des Forces spéciales (SFG, une petite unité d’élite casernée à Heverlee, près de Louvain) s’est désormais déplacée à Tillia, dans le sud-ouest du Niger, à une heure de route de la capitale, Niamey.
D’autres militaires – et pas uniquement de SF – leur fournissent un soutien médical, logistique et en matière de télécommunications, ce qui porte la taille du détachement à une bonne quinzaine de personnes, pour la plupart basées à Niamey.
Les formations sont dispensées dans un cadre multinational, avec la participation d’Allemands, d’Italiens et d’Américains, a expliqué mercredi le chef du détachement, un lieutenant du SFG (nom et prénom tus pour des raisons de sécurité) au chef de la Défense, l’amiral Michel Hofman, qui leur a rendu visite lors de sa traditionnelle tournée de fin d’année auprès des détachements belges en mission à l’étranger.
Le concept retenu est celui de « Train the Trainers » (TtT), qui consiste à entraîner les formateurs des bataillons nigériens, eux-mêmes directement impliqués dans la lutte contre les groupes armés.
« Notre rôle, c’est de rester en arrière et de n’intervenir que pour conseiller », a en substance expliqué le jeune officier.
Les Belges, réputés pour leur multilinguisme, sont souvent amenés à jouer les interprètes entre leurs collègues étrangers et les militaires nigériens, francophones, a confié un autre membre du détachement à l’agence Belga.
L’Allemagne va toutefois mettre fin à la mission de formation que son armée, la Bundeswehr, menait depuis 2017 sous le nom d’opération Gazelle. L’Union européenne vient toutefois de lancer une mission de partenariat militaire au Niger, l’EUMPM Niger, d’une durée initiale de trois ans, pour soutenir le pays dans sa lutte contre le terrorisme.
La Belgique poursuivra pour sa part ses efforts au sein d’ONN, à Niamey, à Tillia et à Torodi (sud-ouest) avec un projet de construction d’infrastructures, selon la Défense, qui financera aussi l’achat d’équipements individuels et collectifs pour l’armée nigérienne.
Au Niger, comme dans d’autres pays, la Belgique promeut une approche dite « des 3D » (défense, diplomatie et développement), qui associe ces trois départements fédéraux afin de renforcer l’action globale en partant du principe qu’il ne peut, dans une région en crise, avoir de paix sans développement et vice et versa.
Au Bénin, un partenaire privilégié de la coopération militaire depuis 1999 – mais avec des hauts et des bas -, plusieurs projets ont été menés ou sont envisagés, selon l’attaché de défense belge à Cotonou.
Plusieurs concernent la sécurité maritime (ou fluviale) dans une région, celle du Golfe de Guinée, où sévissent des pirates et des trafiquants en tous genres, dans un contexte de pêche illégale.
En collaboration avec Enabel, l’agence belge de coopération au développement, la marine et la police béninoises bénéficient de formations à l’abordage de navires suspects et à la sécurisation des installations portuaires.
D’un point de vue militaire, diverses formations – souvent ponctuelles – sont dispensées. Mais l’armée a aussi déployé, de septembre à décembre, un instructeur au sein du Centre de Perfectionnement aux Actions post conflictuelles de Déminage et Dépollution (CPADD), d’Ouidah, une des écoles nationales à vocation régionale (ENVR) en Afrique de l’Ouest.
En RDC, une mission TtT de longue haleine a débuté en avril dernier et se poursuivra l’an prochain, selon l’amiral Hofman: la « réinstruction » de trois bataillons de commandos de la 31e brigade de réaction rapide des Forces armées de la RDC (FARDC) à Kindu, le chef-lieu de la province du Maniema (est). Là c’est une équipe d’environ 18 personnes qui assure ce recyclage des instructeu