RDC : Le mini-sommet de Luanda remis en question ?

RDC : Le mini-sommet de Luanda remis en question ?

Un accord, deux textes différents ! L’encre du mini-sommet ayant réuni ce mercredi à Luanda les présidents angolais, burundais, congolais, le ministe des Affaires étrangères rwandais et l’ancien président kényan, facilitateur pour l’EAC, sur la question de la sécurité dans l’est de la RDC, n’est pas encore sèche que le texte suscite un grand malaise.

C’est une « différence de traduction » entre la version française et la version anglaise qui pose problème. Les deux textes ont été ratifiés par les mêmes acteurs mais une différence de taille s’est glissée entre les deux versions et difficile de penser qu’il s’agisse d’une simple « coquille » ou d’une « erreur matérielle ».

RDC : Cessez-le-feu et retour du M23 à la table des négociations au mini-sommet de Luanda

Au point 8 g, dans la version française il est écrit : « Cessation de tout soutien politico-militaire au M23 et à tous les autres groupes armés locaux et étrangers opérant à l’Est de la RDC et de la Région (Jour-J) ».

Le même point, dans la version anglaise dit : « Cessation of all politico-military support to he M23, FDLR and all other local and foreign armed groups operating in Eastern DRC and the Region (D-day) ».

Entre les deux textes, un mot diverge, quatre lettres qui ne sont pas anodines et qui sont apparues dans la version anglaise finale : FDLR.

Il est difficile d’imaginer qu’il s’agisse d’une coquille ou d’une simple erreur de traduction, explique un diplomate. Il paraît évident que les autorités congolaises présentes à Luanda ce mercredi ont relu la version française, tandis que les Rwandais, généralement anglophones, ont été attentifs à la version anglaise. En somme, ce qu’on peut qualifier d’erreur arrange toutes les parties et rend acceptable le texte, mais évidemment cette divergence entre les deux versions porte en elle les germes de toutes les contestations et remet en cause la portée politique et juridique de ce texte qui n’est d’ailleurs pas formellement un accord.”

En cas de contestation, quelle version devrait être prise en compte ? Pour différents juristes contactés ce jeudi, c’est le texte anglais qui devrait s’imposer. “Il ressort de l’économie du texte, ainsi que de la présence même du président en exercice de l’EAC (le président burundais Évariste Ndayishimiye) que cet accord s’inscrit dans le cadre de l’East African community (EAC), lequel endosse d’ailleurs la responsabilité de garantir son exécution par la voie militaire.” Le fait que la réunion se déroule à Luanda, pays non membre de l’EAC peut-il infléchir cette lecture. “Non”, la réponse est catégorique. “Le document n’a pas été fait dans la langue du pays hôte, le portugais, donc il n’y a aucun doute sur la prédominance de l’anglais.”

Addition salée pour Kinshasa

La réalité du terrain a contraint le pouvoir congolais à accepter de lourdes concessions pour espérer mettre fin à l’avancée du M23. Un mouvement “terroriste” qui peut conserver une petite zone de territoire congolais et se retrouve mis en selle pour de futures négociations directes avec le gouvernement congolais.

Encore faut-il que les responsables du M23, qui ont montré leur indépendance (feinte ou réelle) le week-end dernier en continuant à progresser malgré l’appel à un arrêt des hostilités du président rwandais, acceptent le cessez-le-feu. Ce mouvement, qui a occupé Goma quelques jours il y a dix ans, n’a pas oublié que le retrait accepté alors sous la pression conjuguée du Rwanda, de l’Ouganda et de la RDC de Joseph Kabila n’a débouché sur aucune avancée dans le combat qu’il mène pour faire reconnaître ses droits en RDC.

Que pensez-vous de cet article?

Derniers Articles

Journalistes

Dernières Vidéos