Un consortium européen rassemblant le géant des matières premières Trafigura Pte Ltd basé à Genève, l’entreprise portugaise de travaux publics et ferroviaires Mota-Engil Engenharia e Construcao Africa SA et l’opérateur ferroviaire belge Vecturis ont signé avec le gouvernement angolais un accord pour l’exploitation durant trente ans de la ligne dite du « corridor de Lobito », a-t-on appris lundi.
Selon Trafigura, ce consortium sera responsable de l’exploitation, de la gestion et de l’entretien de l’infrastructure ferroviaire pour le transport de marchandises, de minéraux, de liquides et de gaz pour le corridor qui s’étend sur environ 1.290 km, reliant Lobito à Luau, dans l’est de l’Angola, près de la frontière congolaise.
Le consortium rassemble Trafigura et Mota-Engil à hauteur chacun de 49,5%, le dernier pour cent étant détenu par Vecturis, a expliqué lundi l’administrateur délégué de l’opérateur ferroviaire, Eric Peiffer, à l’agence Belga.
« Au terme d’une procédure manifestement voulue très transparente par les autorités angolaises, notre groupement a été déclaré adjudicataire et la convention de concession a été solennellement signée ce vendredi 4 novembre à Luanda, après que les trois dirigeants des sociétés formant le groupement aient été reçus par le président (João) Lourenço », a-t-il ajouté.
Pour une société belge comme Vecturis, « c’est évidemment un changement de paradigme d’avoir pu conclure un accord de groupement avec deux partenaires de taille mondiale et de se voir confier le rôle-clé d’opérateur ferroviaire d’une concession aussi stratégique », a poursuivi M. Peiffer.
Selon lui, Vecturis – basée à Wavre et très présente en Afrique -, va déployer des équipes sur le terrain afin de préparer le démarrage de l’exploitation dans un délai annoncé de six mois.
Le consortium s’est engagé à investir des capitaux importants dans l’amélioration de l’infrastructure ferroviaire afin d’améliorer la capacité et la sécurité du corridor de Lobito, ainsi qu’à investir dans du matériel roulant important pour les opérations de fret. D’une durée initiale de 30 ans, l’accord prévoit un investissement total de 450 millions de dollars, plus des dépenses d’exploitation et d’investissement supplémentaires.
Pour M. Peiffer, le principal défi, au-delà des aspects d’organisation et de l’acquisition des équipements et matériels roulants, « sera évidemment le recrutement et la formation de près de mille travailleurs locaux ».
De Luau, la liaison rejoint la frontière congolaise à Dilolo et se prolonge vers les villes congolaises Kolwezi et Lubumbashi (sud-est de la RDC), en pleine Copperbelt.
Jadis appelée chemin de fer de Benguela, cette ligne appartenait au groupe belge Union minière du Haut Katanga (UMHK). Elle avait été la principale voie d’exportation du cuivre congolais jusqu’en 1975, date de l’indépendance de l’Angola mais aussi du début de la guerre civile qui a déchiré ce pays pendant plus de vingt ans.
Le conflit avait entrainé l’arrêt des activités sur la ligne et la destruction des infrastructures. Ce n’est qu’en mars 2018 que le trafic ferroviaire transfrontalier entre la RDC et l’Angola avait repris après 34 ans de suspension.
La paix revenue en 2002, l’Angola a repris possession des actifs restants et a fait reconstruire la ligne avec un financement chinois et par des entreprises chinoises, l’investissement étant largement supérieur à trois milliards de dollars, selon M. Peiffer.