Trois noms, dont celui du Premier ministre, ont été retirés de la liste des personnes sanctionnées par l’UE.
Au Burundi, si le pouvoir se montre enthousiaste, en dehors de ce cercle, la décision surprend et l’Union européenne est critiquée pour avoir levé ses sanctions, en place depuis le 1er novembre 2015, à la suite notamment de la répression après une “tentative” de coup d’État dans un contexte ou l’ancien président Pierre Nkurunziza cherchait à se présenter pour un 3e mandat non prévu par la constitution, sans obtenir la moindre concession ou contrepartie. “On ne demandait pas la libération des organisateurs présumés du coup d’État, mais au minimum la levée des mandats d’arrêt à l’encontre des journalistes et des directeurs de médias indépendants poursuivis pour avoir fait leur boulot en couvrant les manifestations contre ce 3e mandat qui vient d’être déclaré anticonstitutionnel et contraire aux accords d’Arusha par la cour d’appel de la Communauté est-africaine”, explique une autre source.
L’Union européenne, elle, justifie notamment sa position par “l’intensification, au cours des deux dernières années, des relations avec le Burundi dans les domaines des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de l’État de droit, et rappelle les engagements pris par le gouvernement burundais dans ces domaines, comme le prévoit le dialogue politique UE-Burundi”. Mais elle explique aussi qu’elle demeure “gravement préoccupée par le fait que des défis majeurs restent sans réponse et sans solution”.
“Responsable des blocages”
Côté société civile burundaise, on rappelle que “c’est Gervais Ndirakobuca, alors ministre de l’Intérieur qui a interdit la circulation de 6 000 motos-taxis, 7 000 vélos-taxis et 6 000 tuk-tuks à Bujumbura au nom de la sécurité routière. C’est une décision qu’il a prise sans concertation et qui perturbe la vie de plus de 200 000 Burundais obligés de faire leurs déplacements à pied, tout en privant les 19 000 chauffeurs de ces engins et leurs familles de tout revenu. C’est aussi ce Premier ministre qui maintient arbitrairement en détention le directeur général de l’hôpital Kira et qui a fait arrêter et incarcérer son avocate”.
Dans un pays où des généraux issus du maquis détiennent le pouvoir, cette décision européenne est vécue comme une “prime à la mauvaise gouvernance” et suscite un sentiment d’abandon dans la population qui avait déjà mal vécu la levée des sanctions américaines contre le pays. “On a le sentiment que la force brutale l’a emporté. Qu’il n’y a que ce recours à la force qu paie”, conclut un de nos interlocuteurs.