Guerre au Tigré: l’Ethiopie annonce des discussions de paix le 24 octobre

Guerre au Tigré: l’Ethiopie annonce des discussions de paix le 24 octobre

Le gouvernement éthiopien participera le 24 octobre en Afrique du Sud à des pourparlers organisés par l’Union africaine (UA) pour tenter de mettre fin à la guerre au Tigré, dans le nord de l’Ethiopie, a annoncé jeudi un conseiller du Premier ministre éthiopien.

La Commission de l’UA « nous a informés que les pourparlers de paix sont fixés au 24 octobre en Afrique du Sud. Nous avons reconfirmé notre engagement à participer », écrit dans un tweet Redwan Hussein, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Abiy Ahmed.

La Commission de l’UA, dont le siège est à Addis Abeba, n’a pas officiellement annoncé ces pourparlers et n’a pas répondu dans l’immédiat aux demandes de confirmation de l’AFP.

Aucun détail n’est pour l’heure disponible sur les modalités des discussions ni sur l’identité des médiateurs.

L’UA a récemment mis sur pied une « troïka » de médiation, dirigée par son envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique, l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, assisté de l’ex-président kényan Uhuru Kenyatta et de l’ancienne vice-présidente sud-africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka.

De précédents pourparlers, convoqués début octobre par l’UA en Afrique du Sud, n’avaient finalement jamais commencé, notamment en raison de problèmes d’organisation, selon des diplomates.

Les autorités rebelles de la région septentrionale du Tigré, qu’un conflit armé oppose au gouvernement fédéral depuis début novembre 2020, n’ont pas répondu, elles non plus, aux questions de l’AFP.

– Bilan « profondément stupéfiant » –

Après cinq mois de trêve qui avaient laissé entrevoir de premiers espoirs de négociations, les combats ont repris, à grande échelle, depuis le 24 août dans le nord de l’Ethiopie.

ONU, Etats-Unis, Union européenne (UE) et UA ont ces derniers jours tiré la sonnette d’alarme face à l’intensification des combats au Tigré, pris en tenaille par les troupes fédérales éthiopienne et ses alliés, notamment l’armée de l’Erythrée, pays qui borde toute la frontière nord de la région rebelle.

Dimanche, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, avait appelé à « un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », demande relayée par l’ONU, l’UE et Washington qui ont réclamé en outre le retrait des troupes érythréennes d’Ethiopie.

Les rebelles avaient dit être immédiatement « prêts à respecter » le cessez-le feu demandé par l’UA.

Sans répondre directement à cet appel, le gouvernement de M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019, avait lui justifié sa volonté de poursuivre ses opérations militaires, se disant « contraint à des mesures défensives », tout en réaffirmant son souhait « d’une résolution pacifique du conflit via des pourparlers ».

Dans son tweet, M. Redwan indique, sans autres détails, que le gouvernement « est consterné de voir que certains tentent d’accaparer les pourparlers de paix et propagent de fausses allégations contre les mesures défensives ».

– Entrepôt pillé –

Le gouvernement éthiopien a indiqué mardi s’être emparé de trois villes du Tigré, dont la localité-clé de Shire, autour de laquelle de récents combats ont suscité l’inquiétude internationale.

Après plusieurs jours de bombardements aériens et d’artillerie, les troupes éthiopiennes et érythréennes sont entrés lundi dans cette ville, qui comptait 100.000 habitants avant le conflit et qui a accueilli des milliers d’habitants du Tigré déplacés par la guerre.

Mardi, le nouveau Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a dénoncé le bilan « profondément stupéfiant » chez les civils des frappes aériennes et tirs d’artillerie au Tigré.

Mercredi, une source humanitaire ayant requis l’anonymat a indiqué qu’après la prise de la ville des militaires avaient forcé un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) contenant des « produits non alimentaires et du carburant », sans pouvoir indiquer ce qui avait été volé dans l’immédiat.

Interrogé par l’AFP, le PAM a indiqué « être en train de vérifier les faits ».

La source humanitaire a aussi indiqué « entendre parler de beaucoup de viols de femmes » à Shire depuis la prise de la ville.

Outre Shire, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière érythréenne, les troupes fédérales éthiopiennes se sont également emparées des localités d’Alamata et de Korem (70.000 et 35.000 habitants respectivement) dans le sud du Tigré.

Les journalistes n’ont pas accès au nord de l’Éthiopie et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière très aléatoire, rendant impossible toute vérification indépendante.

Le bilan exact des victimes de cette guerre est inconnu. Mais elle a provoqué une catastrophe humanitaire, déplaçant plus de deux millions de personnes et plongeant des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.

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