Ouganda : Le gamin ingérable du président Museveni

Ouganda : Le gamin ingérable du président Museveni

Après avoir été démis de ses fonctions militaires, il est désormais privé de politique sur Twitter…

Il n’y a pas d’âge pour se faire remonter les bretelles ! Le général Muhoozi Kainerugaba, 48 ans, vient de l’apprendre à ses dépens. L’homme n’est autre que le fils du président Yoweri Museveni qui règne sans partage depuis 1986 sur l’Ouganda.

Son rejeton, chef d’état-major des forces terrestres jusqu’il y a peu, est souvent présenté comme le successeur tout désigné de son père.

Mais, cette semaine, après une série de tweets “étonnants” au début du mois, le président ougandais, en bon père de famille, a décidé d’interdire à son fils de commenter sur Twitter les affaires d’État. Il pourra toujours s’exprimer sur son réseau social favori mais devra se contenter de le faire sur des sujets moins sensibles comme le sport, selon son papa.

Il faut dire que l’homme a pris l’habitude de saillies assez surprenantes sur son compte où il est suivi par plus de 634 000 abonnés.

Il menace ses adversaires politiques et le Kenya

À la veille de ce week-end, il s’adressait à ses adversaires politiques en leur expliquant : Après mon père, c’est moi qui vous battrai méchamment lors de toutes les élections. Les Ougandais m’aiment plus qu’ils ne vous aimeront jamais.”

Mais si ces messages peuvent légitimement surprendre, ce sont surtout ceux qu’il a publiés le 3 octobre qui ont poussé son père à sévir.

Ce jour-là, le général Muhoozi Kainerugaba s’était adressé à ses voisins kényans. Il avait notamment menacé d’envahir le pays et suggéré qu’il ne lui faudrait, à lui et son armée, pas “deux semaines” pour s’emparer de Nairobi, la capitale kényane. dans la foulée, provocateur, il s’était interrogé : “Après que notre armée a capturé Nairobi, où devrais-je vivre ? Westlands ? Riverside ?”, citant des quartiers de la capitale.

Le même jour, dans la même série de tweets échevelée, il avait aussi reproché au président sortant Kenyatta de ne pas s’être représenté pour briguer un troisième mandat lors des élections présidentielles du mois d’août dernier… ce que lui interdit la Constitution nationale.

Des propos jugés offensants par le tout nouveau pouvoir du président Ruto qui ont contraint Yoweri Museveni à présenter ses excuses à ses “frères et sœurs kényans” deux jours plus tard. Le papa avait alors reproché à son fils de “s’être ingéré dans les affaires” du Kenya.

Démis de son titre militaire

Quelques heures avant cette mise au point, le président ougandais avait posé un geste fort en démettant le général Muhoozi Kainerugaba de son poste de commandant des forces terrestres ougandaises, qui en faisait le n°3 de la hiérarchie militaire et en le remplaçant par le général Muhanga Kayanja qui commandait jusque-là les contingents de l’armée ougandaise déployés dans l’est de la République démocratique du Congo pour combattre les ADF (Forces démocratiques alliées) qui sévissent dans cette région depuis de longues années et qui ont fait allégeance au mouvement djihadiste de l’État islamique.

Ce lundi, tout en annonçant qu’il privait son fils des sujets sensibles sur Twitter, le président Museveni a tenu à insister sur les qualités de ce dernier qu’il a présenté comme “un bon général”.

L’auteur de ces tweets qui ont tendu les relations entre deux États de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, lui, a attendu dix jours pour présenter, toujours sur le même réseau social, ses excuses au peuple kényan, en expliquant simplement “Je n’ai jamais eu aucun problème avec Afande Ruto.”

Pas une première

Actif sur Twitter depuis 2014, Muhoozi Kainerugaba n’en était pas à son coup d’essai. En 2022, il s’était fâché avec l’Éthiopie en apportant dans une autre série de tweets son soutien aux rebelles tigréens.

Cette mise au point paternelle suffira-t-elle pour que Muhoozi Kainerugaba évite désormais d’enflammer la Toile ? Ce mardi, il a donné un élément de réponse en rappelant ses excellentes relations avec son “oncle” le président rwandais Paul Kagame et en se félicitant des relations “très fortes”, entre les deux pays…

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