Des tirs ont été entendus vendredi matin avant l’aube à Ouagadougou dans le quartier abritant la présidence et le QG de la junte militaire au pouvoir depuis janvier dernier, ont rapporté des témoins à l’AFP, et le signal de la télévision nationale a été coupé.
« J’ai entendu de lourdes détonations vers 4H30 (locales et GMT), et là les routes autour de ma maison sont barrées par des véhicules militaires », a affirmé l’un d’eux, vivant près de la présidence.
L’origine de ces tirs restait inconnue vendredi matin.
Plusieurs axes de la capitale burkinabè étaient bloqués dans la matinée par des militaires, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Ces militaires sont postés sur les principaux carrefours de la ville, notamment dans le quartier de Ouaga 2000 où se situe la présidence et le camp militaire de la junte au pouvoir, mais aussi devant le siège de la télévision nationale, a constaté l’un d’eux.
Le signal de la télévision nationale était coupé vendredi matin, un écran noir remplaçant les programmes avec un message indiquant « No video signal » (« Pas de signal vidéo »).
Un nouveau coup d’état ?
S’agit-il d’un nouveau putsch, le second cette année après celui de janvier ?
Des militaires lourdement armés ont pris d’assaut certains bâtiments officiels et contrôlent des axes stratégiques. La primature serait encerclée. Le signal de la télévision nationale est interrompu. Le sort du président, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba qui a pris les rênes du Burkina Faso, en janvier dernier est inconnu.
On se souviendra que Damiba a limogé son ministre de la défense, Barthélémy Simporé, et l’a remplacé à ce poste le 12 septembre, assumant ainsi « les fonctions de ministre de la Défense nationale et des anciens combattants ».
Nombreuses attaques
On se souviendra aussi que la junte a fait de la lutte contre les djihadistes et le retour de la sécurité sur l’ensemble du territoire sa priorité et sa carte de visite. Mais la situation ne s’est pas améliorée et les attaques meurtrières, touchant des dizaines de civils et soldats, se sont poursuivies.
Cette semaine encore, un convoi qui devait ravitailler en vivres la ville de Djibo (nord) a été attaqué par des djihadistes présumés.
11 soldats sont morts, 28 personnes ont été blessées et 50 civils portés disparus, selon le dernier bilan officiel.
Plusieurs villes du nord sont même désormais soumises à un blocus des djihadistes qui font sauter des ponts à la dynamite et attaquent les convois de ravitaillement qui circulent dans la zone.
D’autres attaques ont particulièrement marqué l’opinion publique, comme le massacre de Seytenga (nord) en juin dernier où 86 civils avaient été tués.
Et début septembre, un autre convoi de ravitaillement avait sauté sur un engin explosif improvisé, provoquant la mort de 35 civils, dont de nombreux enfants.
Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, principalement dans le nord et l’est du pays, ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.
Depuis l’an dernier, le Burkina est devenu l’épicentre des violences dans le Sahel, avec plus d’attaques meurtrières qu’au Mali ou au Niger en 2021, selon l’ONG Acled.
Plus de 40% du territoire est hors du contrôle de l’Etat, selon des chiffres officiels.