RDC: l’éruption du volcan Nyiragongo ne pouvait être prédite

RDC: l’éruption du volcan Nyiragongo ne pouvait être prédite

L’éruption du volcan Nyiragongo, qui a détruit une partie de la ville de Goma dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) en mai 2021 et contraint des milliers d’habitants de fuir, ne pouvait être prédite, d’après une étude publiée mercredi dans la revue scientifique Nature. Selon les auteurs, parmi lesquels figurent des chercheurs du Musée de l’Afrique centrale de Tervuren, les éruptions volcaniques sont généralement précédées de signaux précurseurs.

« Pour alerter de l’imminence d’une éruption, les observatoires volcanologiques surveillent généralement la sismicité, les déformations du sol et les émissions gazeuses traduisant le déplacement de magma dans la croûte terrestre », explique Delphine Smittarello, chercheuse au Centre européen de Géodynamique et de Séismologie au Luxembourg.

Or « l’éruption du volcan Nyiragongo n’était précédée d’aucun de ces signaux habituels, et ce malgré une surveillance continue par des réseaux d’instruments au sol et de capteurs satellitaires. A posteriori, les enregistrements sismiques ont montré que les premiers événements marquant une activité inhabituelle ont débuté moins de 40 minutes avant les premières coulées de lave », ajoute la chercheuse.

« Ce comportement du volcan fut d’autant plus inattendu que les deux seules éruptions historiques connues, en 1977 et 2002, avaient été précédées par de forts séismes ressentis quelques semaines à quelques jours au préalable », précise Adalbert Muhindo, directeur de l’Observatoire volcanologique de Goma.

L’étude montre également qu’un imposant volume de magma (243 millions de mètres cubes) s’est déplacé sous la ville de Goma, ce qui représente de nouvelles menaces liées au Nyiragongo, d’après Benoît Smets, chercheur au Musée royal de l’Afrique centrale.

« Dès lors que du magma circule à si faible profondeur, il existe un risque d’effusion de lave en pleine ville, d’éruption phréatomagmatique (si le magma entre en contact avec l’eau froide du lac Kivu) ou encore d’éruption limnique du lac Kivu, craint pour l’énorme quantité de CO2 et de méthane dissous dans ses eaux profondes. Ces événements sont potentiellement beaucoup plus dangereux que les trois éruptions connues jusqu’ici », détaille-t-il.

Le 22 mai 2021, l’éruption du volcan Nyiragongo a surpris les habitants de la ville de Goma, dont une partie a été détruite par les coulées de lave. Si l’éruption n’a duré que quelques heures, la confusion et le manque d’anticipation ont compliqué la gestion de la crise.

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