« Le risque est là ». Le cinéaste belge Thierry Michel a fait part mardi lors d’une conférence de presse à Bruxelles du risque d’arrestation qui pèse sur lui en RDC. Il sera en effet présent dans l’est du pays d’Afrique centrale mardi prochain, le 30 août, pour une première projection dans cette région, à Bukavu, de son dernier film, « l’Empire du silence ». Ce documentaire considéré par son auteur comme « film bilan » met en avant des responsabilités internes au pays dans les exactions commises ces 25 dernières années dans l’est de la RDC. Mais il fait l’objet d’une plainte pour contrefaçon/plagiat de la part des frères Gilbert Balufu Mbaye et Balufu Bakupa Kanyinda, réalisateurs en 2015 d’un film intitulé « Congo, le silence des crimes oubliés ». L’audience devant la juridiction pénale de Kinshasa est précisément programmée ce 30 août.
« On n’est pas rassuré », a confié l’avocat de Thierry Michel, Alexis Deswaef, également vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). À ses yeux, l’accusation de plagiat contre l’auteur du film, et également sa productrice Christine Pireaux, est « grotesque ». « Une analyse des deux films a été effectuée à la demande de la société internationale d’auteurs, la SCAM. Celle-ci démontre qu’il n’y a que quatre images communes aux deux films, provenant de l’agence Capa ». Pour l’avocat, les vraies raisons de la plainte sont donc à trouver ailleurs. « Le choix de passer par la voie pénale, et non par une procédure civile prouve que nous sommes au-delà de l’aspect technique. On fait feu de tout bois pour faire un travail de sape d’un film qui dérange. Notre crainte est de voir la procédure trainer. Nous demandons que la justice congolaise ne se fasse pas instrumentaliser et estime, dès mardi prochain, que la plainte n’est, à titre principal, pas recevable, et à titre subsidiaire, infondée. » Pour Me Deswaef, Thierry Michel et Christine Pireaux font clairement face à une « procédure bâillon ».
En réponse à la plainte des frères Balufu, deux plaintes pour diffamation ont été déposées par M. Michel et Mme Pireaux tant à Bruxelles qu’à Kinshasa. En attendant, Thierry Michel a rappelé que le film n’était pas interdit en RDC. Le documentaire avait même bénéficié d’une avant-première en novembre 2021 au Palais du peuple à Kinshasa.
Thierry Michel et Christine Pireaux sont également soutenus par l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) et l’association Kopax – conscience congolaise pour la paix.