Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, devrait publiquement encourager la tenue d’élections libres et équitables, le respect des droits humains et la lutte contre la corruption lors de sa visite mardi et mercredi en République démocratique du Congo (RDC), ont affirmé lundi 17 organisations et experts congolais et américains. M. Blinken se rend en RDC puis, mercredi et jeudi au Rwanda, dans le cadre d’une tournée africaine entamée dimanche par l’Afrique du Sud, avec comme principal objectif de contrecarrer l’influence diplomatique russe sur le continent.
Cette visite en RDC intervient alors que le M23 (Mouvement du 23 mars), un groupe armé qui commet de multiples abus, a étendu son contrôle dans l’est du pays, en attaquant des villages et en exécutant sommairement des civils. Le groupe d’experts des Nations unies sur le Congo a récemment confirmé que l’armée rwandaise avait renouvelé son soutien au M23, soulignent ces organisations – dont Human Rights Watch (HRW) et l’ONG américaine The Sentry – et experts dans un communiqué.
Selon eux, la RDC est, sous la présidence de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, « confrontée à des violations des droits humains et à une corruption généralisées, à des attaques répétées contre des civils par de nombreux groupes armés, et à des institutions démocratiques défaillantes ».
« Le gouvernement congolais doit faire preuve de la volonté politique nécessaire pour faire progresser la démocratie, combattre la corruption et s’attaquer aux crises qui s’intensifient dans le pays », a déclaré Floribert Anzuluni de The Sentry et du mouvement citoyen congolais Filimbi (sifflet en swahili), cité par le communiqué.
Blinken « devrait dénoncer l’escalade de la répression contre les militants, les manifestants et les journalistes, et mettre en garde contre l’intolérance croissante à l’égard des critiques, qui risque de compromettre la tenue d’élections libres, crédibles et tenues dans les délais, en 2023 », a-t-il ajouté.
Selon les défenseurs des droits humains, le chef de la diplomatie américaine devrait souligner la nécessité d’élections démocratiques conformes aux normes internationales.
Les organisations rappellent que les dernières élections, en 2018, ont été entachées d’irrégularités généralisées, comme la suppression d’électeurs et de candidats, ainsi que la publication de résultats officiels non crédibles. Ces scrutins ne répondaient pas aux normes internationales de base pour une élection démocratique, notent-elles.
Selon elles, les autorités congolaises devraient mettre au point un processus d’inscription « minutieux » et publier en temps utile les listes d’électeurs, s’engager à n’exclure aucun candidat ni électeur légitime, garantir la liberté des candidats et des partis de faire campagne et exiger la transparence du dépouillement des votes et des résultats.
Pour les auteurs du communiqué, M. Blinken devrait également condamner publiquement la répression par les forces de sécurité des manifestations pacifiques et de la dissidence. Ces problèmes ont été particulièrement graves dans l’est de la RDC, où les autorités ont eu recours à la loi martiale (en fait l’état d’urgence en vigueur depuis mai 2021, ndlr) pour limiter les manifestations pacifiques et autres droits.
« Le secrétaire d’État Blinken devrait informer le président rwandais Paul Kagame que les États-Unis ne toléreront aucun soutien au M23, comme l’a fait le président Barack Obama en 2012 », a déclaré le père jésuite congolais Rigobert Minani Bihuzo, du Centre d’études pour l’Action sociale (CEPAS).