Commentaire par Hubert Leclercq
L’est de la République démocratique du Congo chavire. Des manifestations, de plus en plus nombreuses, se multiplient depuis trois jours pour demander le départ du contingent des casques bleus de l’Onu.
Le mouvement est parti de Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, pour gagner le nord de la province mardi (Butembo et Beni). Mercredi, c’est Uvira, dans la province voisine du Sud-Kivu, qui a été contaminée par ce mouvement de colère. Plus de vingt morts en trois journées d’une grogne aux accents multiples mais qui, par facilité, cible ces casques bleus incapables, en plus de vingt ans de présence et de dépenses somptuaires, de ramener la paix dans cette région martyrisée depuis près de trente ans.
Les autorités nationales ont mobilisé ce mercredi les troupes. Objectif : tenter de calmer les esprits après avoir soufflé sur les braises de la colère avec un président du Sénat qui a appelé, le 15 juillet, la population de la province du Nord-Kivu à exiger le départ de la force onusienne, tandis que le parti présidentiel est à l’origine des premières manifestations de ce lundi.
Sans bilan politique ou économique, le pouvoir de Kinshasa est en quête d’arguments fédérateurs à la veille d’une campagne présidentielle qui s’annonce aussi longue et compliquée.
À Kinshasa, loin de la fureur des Kivus, en pensant à cet éventuel couperet électoral, les autorités lancent ce jeudi une vente aux enchères de blocs pétroliers et gaziers qui doit faire rentrer de l’argent dans les caisses. Beaucoup d’argent ! Et tant pis si ces blocs pétroliers ou gaziers menacent la survie de parcs nationaux aussi emblématiques que les Virunga ou celui d’Upemba. Ils l’ont dit dans des interviews, l’écologie n’est pas le centre d’intérêt de ces messieurs, seuls les dollars comptent. Les autorités de la République prétendument démocratique du Congo jouent avec le feu, ainsi qu’avec l’avenir de son peuple et de la planète, sans que cela semble émouvoir la communauté internationale bien généreuse à leur égard.