Des installations de la mission des Nations unies (Monusco) à Goma dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ont été pillées par des manifestants en colère, dix jours après un appel du président du Sénat au départ des Casques bleus, a constaté lundi un correspondant de l’AFP. Après avoir barricadé les grandes artères de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, des centaines de manifestants scindés en deux groupes ont pris d’assaut le siège local de la mission onusienne ainsi que sa base logistique située hors du centre de la ville, dépit de l’interdiction de manifester édictée dimanche par le maire de Goma, le colonel François Kabeya.
Au quartier général de la Monusco, ces manifestants en colère ont brûlé des pneus et des objets en plastique devant le portail puis ont cassé le mur de la clôture, a constaté un correspondant de l’AFP. Les manifestants ont ensuite cassé les vitres, les murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur.
Des agents de la Monusco présents sur le site ont été évacués à bord de deux hélicoptères.
Des scènes similaires se sont aussi produites à la base logistique de la Monusco, où un élève en uniforme a été atteint à la jambe par une balle tirée de l’intérieur de la base logistique. La police onusienne a usé de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants avant l’intervention des militaires des Forces armées de la RDC.
Certains locaux ont été partiellement incendiés, selon la radio onusienne Okapi.
Plusieurs manifestants ont été interpellés par les forces de sécurité congolaises.
« Certains manifestants ont escaladé les murs de notre enceinte » à Goma, a déclaré le chef adjoint de la Monusco, Khassim Diagne, à l’AFP. « Ce sont des pilleurs. Nous les condamnons avec la plus grande fermeté. C’est carrément du vandalisme », a-t-il déclaré.
Le 15 juillet à Goma, le président du Sénat congolais, Modeste Bahati Lukwebo, avait demandé, lors d’un meeting, à la Monusco de « plier bagages » après 22 ans d’une présence qui n’a pu imposer la paix dans la partie orientale de la RDC, déstabilisée depuis près de trois décennies.
La manifestation de lundi a été organisée à l’appel des organisations de la société civile et du parti au pouvoir, Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS).
Le gouvernement congolais a toutefois fermement condamné toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations unies, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe.
« Le gouvernement suit de près la situation à Goma consécutive à l’appel à manifester contre la Monusco. Il condamne fermement toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations unies. Les responsables seront poursuivis et sévèrement sanctionnés », a déclaré M. Muyaya.
La Monusco est la plus importante – et la plus coûteuse – mission onusienne au monde avec au moins 14.000 Casques bleus.