A deux semaines d’intervalles, kényans et angolais sont conviés aux urnes. Dans les deux pays, les tensions sont palpables et les risques de débordements réels.
Au Kenya, l’histoire récente a montré que les passages par les urnes sont souvent l’occasion de batailles rangées sur fond ethnique. Les élections présidentielle, législatives et locales du 9 août prochain font craindre un nouvel embrasement Personne n’a oublié dans ce pays de l’est africain que les violences post-électorales interethniques de 2007-2008 ont fait plus de 1 100 morts. Dix ans plus tard, en 2017, les contestations des résultats ont abouti à une annulation du scrutin et des violences ont de nouveau causé la mort de dizaines de personnes.
Dans la course à la succession d’Uhuru Kenyatta, l’actuel président de la République qui ne peut se représenter pour un nouveau mandat, deux candidats se détachent : William Ruto, actuel vice-président (United Democratic Alliance), et Raila Odinga, vétéran de l’opposition désormais soutenu par le pouvoir, à la tête d’une coalition baptisée Azimio la Umoja (Quête d’unité). Les deux hommes sillonnent le pays pour tenter de convaincre les 22,1 millions d’électeurs avec force distribution de cadeaux, t-shirts ou nourriture dans ce pays ou un tiers de la population vit avec moins de 1,9 dollar par jour selon les dernières statistiques de la Banque mondiale.
Le scrutin est indécis et tous les regards se focalisent sur le dernier meeting annoncé au même endroit à la même heure le 6 août, dernier jour de la campagne. Les deux partis annoncent avoir réservé le stade national Nyayo (30 000 places assises) à Nairobi et avancent les “preuves” de cette “réservation”.
Le mois dernier, la police a déjà dû intervenir en tirant des gaz lacrymogènes pour disperser des partisans des deux candidats qui s’affrontaient au sujet de l’accès à un lieu de campagne dans l’est de Nairobi. À trois jours du scrutin, le scénario pourrait se répéter mais avec des esprits nettement plus surchauffés.
Démonstration de force à Luanda
Ce 24 août sera aussi le théâtre d’élections générales en Angola où les deux éternels rivaux (UNITA – MPLA) se retrouvent une fois encore. Le MPLA au pouvoir sans discontinuer depuis l’indépendance du pays est donné en grande difficulté dans les sondages. La situation économique, les tensions au sein du parti du président Lourenço et le charisme de l’opposant Adalberto Costa Jr font tanguer le régime qui dispose de la rente pétrolière pour mener campagne mais semble avoir perdu le soutien populaire dans les grandes villes du pays. Ce samedi Luanda a tremblé sous une démonstration de force de l’UNITA qui a envahi les rues avec des milliers de motocyclistes, brûlant publiquement de nombreux t-shirts et calicots aux couleurs du MPLA. Le mois d’août s’annonce périlleux en Angola qui attend toujours le retour de la dépouille de l’ex-président dos Santos décédé à Barcelone le 8 juillet.