La Cinematek se penche sur les liens entre Belgique et Congo, du 23 juin au 31 juillet. À travers 25 films créés ici ou là-bas, de Matamata et Pilipili à En route pour le milliard ! en passant par Pièces d’identité et Viva Riva. (extraits vidéo)
Congo Oyé ! En prélude au 62e anniversaire de l’indépendance du Congo, le 30 juin prochain, la Cinematek propose durant un peu plus d’un mois, du 23 juin au 31 juillet, une sélection de 25 films offrant un panorama du 7e art reliant Bruxelles à Kinshasa, Kisangani, Lubumbashi et Matonge, entre autres villes.
Une programmation qui rassemble Congolais d’ici et de là-bas ainsi que de nombreux amoureux de la RDC. L’occasion de « dépasser les sempiternels documentaires de l’époque coloniale » ou avoisinante et de revenir, notamment, sur l’année 2020 qui restera dans les annales comme celle qui a vu le premier film originaire de la RDC être présenté en sélection officielle du Festival de Cannes. Il s’agissait du formidable documentaire En route pour le milliard ! (à voir le 17/07) réalisé par Dieudo Hamadi, déjà remarqué pour ses précédents films Maman Colonelle et Kinshasa Makambo , entre autres.
Dans la foulée, d’autres jeunes cinéastes congolais vont pouvoir démontrer l’ampleur de leur talent : Nelson Makengo, Djo Munga, Clarisse Muvuba, Tshoper Kabambi, Ronnie Kabuika et Nganji Mutiri…
De « Matamata et Pilipili » à « Juju Factory »
Ce voyage en images, planifié par la productrice et conférencière Monique Mbeka Phoba, compte 22 films et autant d’étapes dans une histoire souvent chahutée entre Belgique et Congo. En remontant jusqu’à la fameuse série des Matamata et Pilipili (29/06) créée par Albert Van Haelst, un duo façon Laurel et Hardy dont les gaffes et l’humour ont réjoui tout le Congo à l’époque des missionnaires. En partageant Ce magnifique gâteau !, film d’animation (le 01/07) qui fait référence à la même époque coloniale. Ou en découvrant le portrait de Paul Panda Farnana, premier Congolais diplômé de l’enseignement supérieur en Belgique.
D’autres, tels les aînés Balufu Bakupa Kanyinda et Mweze Ngangura, ont ensuite pris le relais, livrant leur regard sur la relation entre Congolais et Belges à travers des films comme Le Damier (28/06), Juju Factory (20/07) ou La vie est belle. Ce dernier long métrage est à voir, en version resaturée, à Flagey afin de faire le lien avec la programmation Caméras d’Afrique subsaharienne qui prolonge, jusqu’au 27/08, celle proposée à la Cinematek.
Le 30 juin, on pourra revoir le formidable Pièces d’identité de Mweze Ngangura qui traite avec sensibilité le thème de l’exil et la quête d’un père congolais tentant de retrouver, à Bruxelles, sa fille dont il a perdu la trace. Le film a été sacré Étalon d’or au Fespaco en 1998.
Au cœur du quartier Matonge
Quelques films explorent le quartier le plus africain de Bruxelles où commerces, salons de coiffure et restaurants entretiennent la relation au(x) pays lointain(s). Avec Matonge, un quartier africain au cœur de l’Europe de Pat Patoma et Abel Pulusu (le 7/07) et Waste Land de Pieter Van Hees (le 10/07), l’imaginaire kino-bruxellois se dévoile à travers les lieux refuges qui définissent l’âme de ce coin d’Ixelles bigarré.
Autres moments historiques : 1974, l’équipe congolaise est la première issue d’Afrique noire à aller en Coupe du monde, un événement retracé dans le documentaire Entre la Coupe et l’élection (le 15/07). La même année, Kinshasa accueille le combat Ali-Forman, un événement narré dans le film When We Were Kings (11/07). Enfin, Africains poids moyens (29/06) révèle la pugnacité d’un autre boxeur : Bea Diallo.
L’occasion aussi de (re)voir le Viva Riva de Djo Munga (25/07) qui fit beaucoup de bruit à sa sortie en 2010 ou de découvrir de jeunes pousses comme Nganji Mutiri, réalisateur du long métrage Juwaa (14/07). Le lien est également tracé avec la jeune génération qui a grandi en Belgique, notamment à travers le très caustique Kaniama Show de l’artiste aux talents multiples Baloji (15/07). Sans oublier Ata Ndele ! et Girl Fact aux regards résolument afroféministes (28/07) ou les réflexions autour des Racines, langue et identité (23/06).
Cette programmation concoctée par Monique Mbeka Phoba, spectatrice assidue de la Cinematek, se prolonge à travers les résonances avec des créations de trois artistes liés à la RDC : Jean Kabuta, Agnès Lalau et Mega Migiendi (cf. notre précédent article). Leurs œuvres, installées dans le salon Europa, poursuivent le voyage esquissé entre Bruxelles et Kinshasa, et retour.
Karin Tshidimba
nb: Chaque film est au moins présenté deux fois à la Cinematek. Seule la première date de projection est indiquée dans l’article. Rens. et tickets : Cinematek.be