« Génération Africa » met en lumière les rêves de la jeunesse en Afrique

« Génération Africa » met en lumière les rêves de la jeunesse en Afrique

Vingt-cinq réalisateurs africains, issus de 16 pays, ont filmé leurs compatriotes ou leur propre parcours. Chaque film reflète à sa façon les aspirations de la jeunesse africaine. À voir sur Arte à 21h, sur YouTube et sur arte.tv. ( + extrait vidéo)

Il y a ceux qui partent, ceux qui restent et ceux qui sont déjà revenus. La migration ne se résume pas aux récits de ceux qui ont tout quitté pour l’Europe avec un minuscule sac sur le dos. Il y a presque autant d’histoires qu’il y a de voyageurs et chacune recouvre des réalités divergentes. Exil politique, déplacement climatique, rêves de reconversion, espoirs, désarroi, il y a un peu de tout cela et bien plus encore dans les récits de Génération Africa***.

Cette fois, il n’est plus question de médiateur : l’Afrique se raconte par elle-même. L’idée n’est plus de retracer ces récits migrateurs depuis les rives de l’Europe, mais depuis ces plages d’Afrique ou ces étendues désertiques qui font office de rampes de lancement ou d’ultimes repoussoirs pour les candidats au grand voyage. Ce sont des compatriotes qui prennent la caméra et qui recueillent les témoignages des voyageurs téméraires pour les porter jusqu’à nous.

Partir (un peu), revenir (souvent)

Ils sont vingt-cinq. Vingt-cinq réalisateurs issus de seize pays africains qui ont filmé leurs pairs ou leur propre parcours. Chaque film reflète les aspirations de la jeunesse africaine, celle qui façonnera l’avenir du continent au cours des prochaines décennies. Au sein de cette jeunesse, on trouve beaucoup de récits de migration. Mais pas toujours ceux qu’on imagine, car la migration a des centaines de visages et de destinations. Et qu’ils soient volontaires ou non, on assiste aussi à un nombre croissant de retours au pays ou de réinstallations (cf. ci-contre), parfois après des parcours brillants à l’étranger. Pourquoi et, surtout comment, ce sont deux des questions auxquelles tente de répondre la collection Génération Africa.

« Nous n’entendons jamais les aspirations de la jeunesse africaine, leurs rêves et leurs réussites. Il fallait rendre ces voix audibles », explique Don Edkins, producteur exécutif de la société Steps à l’origine du projet. En résulte cette collection porteuse d’histoires « pleines d’espoir, de force, de courage et d’amour ». Car le chemin du retour est souvent semé d’embûches et d’obstacles inattendus, à commencer par la nécessité de redécouvrir un cadre de vie que l’on croyait connaître… En donnant la parole à ceux qui ont affronté ces épreuves, Génération Africa s’adresse à tous les autres qui sont peut-être tentés par le même type de parcours.

Connecter l’Afrique d’ouest en est

« Génération Africa a aussi l’ambition de développer de nouveaux talents, de briser l’isolement de certains réalisateurs, de créer des ponts entre l’Afrique francophone et anglophone », précise Steps. L’idée est de permettre à une nouvelle génération de réalisateurs de s’emparer des récits du continent.

Les vingt-cinq films retenus sont issus de l’appel à projets lancé en 2018 par la société sud-africaine. À l’origine, 180 projets ont été reçus et 45 ont été retravaillés au cours d’ateliers réunissant des professionnels locaux et internationaux. Après une nouvelle sélection, 25 documentaires (courts, moyens et longs métrages) ont été finalisés, regroupés aujourd’hui sur arte.tv.

Tous témoignent d’une réelle volonté de comprendre les situations vécues, en dépassant clichés et a priori. Faisant fi des explications simplistes ou des jugements hâtifs, les documentaires se penchent sur les difficultés et stratégies de survie mises au point par certains.

Emprunter la route de tous les défis

Qu’il s’agisse de participer à un concours de plaidoirie sur les droits humains (Le Concours), d’arpenter les routes de l’exil jadis empruntées, de grimper à bord d’un bus clandestin au Cameroun ou de visiter une maison de migrants, située à la frontière du Mali avec l’Algérie (Le Dernier Refuge**), la collection donne à voir des réalités complexes et des récits pluriels.

Elle se penche aussi sur les transformations profondes qui s’opèrent au sein des sociétés, à la suite du retour de certains migrants. À l’image de cette jeune fille qui défie l’ordre établi en étant apprentie mécanicienne dans un garage à Dosso, au Niger : Le garage de Zara (photo ci-dessus).

Elle permet aussi d’entendre la voix de ceux qui restent, comme celle de Manuela dont les parents sont partis en Italie. Élevée au Cameroun, la petite fille tente de maintenir le lien avec eux et de se construire malgré La Séparation.

La collection se penche aussi sur le sort de tous ceux qui demeurent dans l’entre-deux : coincés dans des camps de réfugiés (Les Histoires de Mary Monday) ou réinstallés dans de nouveaux pays (Reste debout…) Et que dire du sang-froid d’Aicha Macky qui n’a pas hésité à plonger dans le quartier de Kara-Kara, l’un des plus marginalisés de la ville de Zinder** au Niger, où des jeunes forment des gangs craints par la population ?

Mis bout à bout tous ces récits redessinent une nouvelle carte de la jeunesse en Afrique.

Karin Tshidimba

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