Le Festival Asmara-Addis pimente les langues parlées à Bruxelles

Le Festival Asmara-Addis pimente les langues parlées à Bruxelles

Pour sa troisième édition, le festival littéraire, créé par l’auteur érythro-éthiopien Sulaiman Addonia, veut faire entendre « haut et fort » les multiples langues de Bruxelles, de ce dimanche à mardi 31/05

Ce dimanche, un mélange de musiques, de poésies, de proses et de slam va résonner et s’élever non loin de la place Fernand Coq à Ixelles. Une façon intuitive et vivante de rendre hommage à la multiculturalité de la ville d’adoption de l’écrivain érythro-éthiopien Sulaiman Addonia, à l’origine de la création de ce festival littéraire en partie itinérant. « Ce sont des langues qu’on entend dans les rues mais très rarement dans les institutions culturelles » souligne l’auteur de Silence is My mother tongue et Les Amants de la mer rouge.

Pendant les trois jours du festival Asmara-Addis Literary Festival (In Exile), 60 auteurs, parlant 17 langues, sont invités dans divers lieux à Ixelles et Bruxelles. Un cénacle qui inclut aussi la langue des signes et dont les premières rencontres ont débuté à 15h ce dimanche au Théâtre Mercelis à Ixelles.

Langue du coeur, langue des corps

L’écrivain Sulaiman Addonia, né en Erythrée en  1972, a reçu l’asile à Londres en 1990.

La thématique centrale de la troisième édition du festival littéraire est l’art de l’insubtilité, soit Say it Loud : The art of Unsubtlety. Rien de plus normal, pour une rencontre qui aime faire porter les textes par la voix. Des artistes belges et internationaux parleront de l’art d’aller à contre-courant sur scène, notamment à la Maison littéraire internationale Passa Porta mais aussi à la Maison culturelle flamande Kuumba, ainsi que dans les rues au fil de lecturathons.

Son identité marquée par l’exil et l’exclusion fait que le festival Asmara-Addis est particulièrement attentif aux personnes précaires (réfugiés, demandeurs d’asile, sans papiers, etc.), ainsi qu’aux personnes issues des diverses minorités de la ville et des différentes diasporas africaines.

En amont du festival, la Creative Writing Academy for Refugees & Asylum Seekers a d’ailleurs offert une masterclass d’écriture créative plurilingue aux Bruxellois et Bruxelloises ainsi qu’aux personnes nouvellement arrivées. Ils présenteront leurs créations au cours d’un lecturathon organisé dès 20h40 ce dimanche.

Liberté, exubérance, obsession

Lundi 30/05, des performances de rue déclinées dans plusieurs langues parlées à Bruxelles, mèneront le public depuis la place Flagey et le monument Fernando Pessoa à Ixelles (16h) vers le Théâtre Molière où l’arrivée est prévue à 17h. On y parlera Portugais, Urdu, Anglais, Wolof, Yiddish, Berbère et Arabe, mais aussi en Ouest-Flamand et Lingala avec le conteur itinérant Maurice Boyikasse Buafomo.

Sur place, dès 17h30, les écrits de plusieurs auteurs emprisonnés seront lus et un hommage sera rendu aux journalistes et auteurs persécutés à travers le monde, à partir de la situation vécue notamment en Erythrée. « Ils et elles sont en prison mais leurs mots sont libres » rappellera avec force la militante suédo-érythréenne Vanessa Tsehaye.

Parmi les invités de cette journée, on notera aussi la présence de Jennifer Nansubuga Makumbi, romancière et nouvelliste ougandaise.

Enfin, mardi 31/05, auteurs et performeurs se libéreront des contraintes pour explorer « l’exubérance et la provocation » au coeur du Théâtre Molière. La soirée sera aussi consacrée à l’érotisme et au corps, « à la liberté et à l’obsession ». Une question notamment abordée par la comédienne éthiopienne Liya Kebede. Vaste programme.

Karin Tshidimba

nb: Détails et horaires du Festival sur www.asmaraaddisfestivalinexile.com

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