Interview de Margot Bertin, chargée de Programme ECMS & Responsable de l’Équipe Bénévole pour l’ONG Défi Belgique Afrique (DBA), depuis 1 an et demi.
Quelles sont les principales actions menées par votre ASBL ?
Nous avons un volet sur l’agriculture familiale et la promotion de la souveraineté alimentaire, via lequel on soutient les initiatives locales de nos partenaires pour promouvoir une agriculture qui soit respectueuse de l’environnement. Et un volet ECMS par lequel on organise des rencontres interculturelles de jeunes du Sud et du Nord. Sur une année on organise des formations sur différentes thématiques : les inégalités, les stéréotypes, etc. Les jeunes vont ensuite passer un certain nombre de jours avec leurs correspondants qui auront eux-mêmes suivi des formations données par nos partenaires locaux. L’objectif est que les jeunes, Belges et Béninois, puissent s’engager à leur niveau en gardant en tête que leurs actions ont des impacts au niveau international. On souhaite montrer que les grands enjeux actuels sont de notre responsabilité individuelle mais aussi collective et qu’on peut agir même quand on est jeunes.
Qu’est ce qui vous a donné l’envie de travailler dans l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire (ECMS)?
J’avais moi-même l’envie très naïve d’améliorer les choses en pensant qu’on pouvait aller aider ailleurs, de par le monde. En fait il ne s’agit pas d’une question d’aide mais de compréhension des enjeux et de pouvoir agir à son échelle. Je suis partie avec Quinoa faire un séjour international exactement dans la même veine de ce que MWA fait. Je me suis rendu compte à quel point il était nécessaire que les personnes qui partent faire des séjours internationaux soient préparées afin qu’elles n’aillent pas là-bas en continuant à véhiculer des clichés et des stéréotypes, parfois sans le vouloir. Et puis j’ai postulé chez DBA, et voilà !
Pourquoi votre ASBL a-t-elle décidé de s’engager dans le projet MWA ?
Il y a 30 ans que DBA est engagée dans des projets internationaux. Les jeunes qui participent à nos projets s’inscrivent de manière individuelle, ce qui est différent de MWA qui est un projet scolaire. On trouve important d’impliquer les écoles dans le processus car le projet inclut, par exemple, les professeurs, qui sont en contact de manière beaucoup plus proche et continue avec les élèves au quotidien. Nos projets ont aussi un certain coût et donc touchent un public précis alors que grâce à l’aide de Brussels Airlines, cela allège les frais et cela permet de toucher un autre public. DBA aime également travailler en réseau, avec d’autres ONG et partenaires : se nourrir et s’enrichir avec d’autres acteurs du secteur permet de nous renouveler en permanence et d’avancer.
Comment se sont déroulées cette édition 9 (2021-2022) et l’immersion au Bénin?
L’édition s’est très bien passée même si cela n’a pas été facile à cause de la situation sanitaire et des incertitudes liées aux séjours internationaux. Notre partenaire sur place, Aldipe, avait extrêmement bien préparé notre arrivée. La rencontre entre les jeunes s’est super bien passée : il y a une cohésion incroyable entre les jeunes Belges et Béninois. On a réussi à aller au-delà de ce qu’on aurait pu imaginer. Les jeunes nous témoignent qu’ils ont une meilleure compréhension des enjeux globaux. Ils constatent finalement avoir une marge d’action possible.
Quel impact avez-vous pu constater sur les élèves/professeurs participants ?
En immersion, plusieurs m’ont parlé de leur envie de s’engager et par la suite sont revenus vers moi pour me demander des possibilités de continuer leur engagement. De manière générale, il y a un impact dans le choix professionnel des jeunes. Il y a aussi des choses plus quotidiennes comme le fait que la plupart désirent changer leurs habitudes : consommer durable et s’informer sur l’actualité, sans gober tout ce qu’ils entendent. Ils sont plus critiques et réflexifs.
Quels sont vos souhaits pour l’avenir de ce type de projet ?
Que cela puisse continuer, ça c’est sûr ! Idéalement, on devrait pouvoir arriver à des séjours d’immersion chez nous même si je sais que c’est compliqué économiquement et politiquement parlant. Cela serait cependant bénéfique pour boucler la boucle et que les deux processus, au Nord comme au Sud, soient les mêmes.