Move with Africa: Belges et Béninois, partager et échanger pour mieux rêver

Move with Africa: Belges et Béninois, partager et échanger pour mieux rêver

C’est dans une maison située sur une grande et vaste place commune à Comé que les jeunes et leurs professeures de l’Institut de la Vierge Fidèle logent depuis plusieurs jours. Passé le portique en métal, on s’introduit dans la salle commune où flânent les élèves et leurs correspondants pendant les moments de pause. Bercés par les va-et-vient des ventilateurs muraux, difficile de ne pas sombrer dans le sommeil. Mais c’est sans compter sur la contagieuse joie de vivre de Pierre Cantraine, coordinateur d’Africapsud, et sur l’énergie sans limites d’Arielle Dossou, sous-directrice de l’AMO partenaire, Carrefour Jeunesse Afrique. Il faut dire que les deux AMO n’en sont pas à leur premier échange interculturel. Cela fait plusieurs années déjà qu’ils organisent des échanges Nord/Sud tout au long de l’année scolaire, en Belgique et au Bénin. L’objectif est de permettre à un maximum de jeunes d’horizons différents de pouvoir participer à ce type de projet et de se rencontrer via des ateliers et des animations qui prônent le vivre-ensemble.

Le rap, vecteur d’expression commune

Aujourd’hui est programmée la création d’un morceau de rap avec l’aide de Jonathan Meyers, éducateur à La Chaloupe. “C’est un moment pour poser ce que vous avez vécu depuis 7 jours” explique Jonathan qui travaille depuis longtemps avec des jeunes rappeurs/rappeuses belges et béninois. L’idée est simple : il faut se diviser en petits groupes et réfléchir ensemble à ce que l’on veut exprimer. Ensuite, les élèves passeront un à un au micro pour que Jonathan puisse enregistrer la chanson. Évidemment, avant tout cela, il faut choisir le “simple”, cette fameuse boucle répétitive de 10-15 secondes qui rythme tous les morceaux de rap. En sous-groupe on sent déjà que des phrases émergent. “Faites peut-être une liste des mots qui représentent votre séjour et essayez de faire des associations” précise Jonathan, qui oscille de groupe en groupe pour guider les jeunes. Assez rapidement, les blocs-notes des élèves se remplissent et, après une courte pause, l’enregistrement commence par la prise de parole d’Alix, nerveux par sa position d’initiateur. Quelques jours plus tard, les jeunes écoutent ensemble le morceau retravaillé avec soin par Jonathan pour découvrir le résultat final de ce beau moment d’union. Une musique indélébile qu’ils pourront écouter, encore et encore, malgré les années qui passent. Et, comme le souligne avec tendresse Anastasiia dans son rap “Quand nous sommes ensemble, nous sommes en joie ! Très heureux de les rencontrer, nous sommes liés pour l’éternité”.

Vis ma vie

Africapsud et Carrefour Jeunesse Afrique organisent également une opération appelée “Vis-ma-vie”
pendant laquelle les élèves belges partent, durant une journée entière, vivre le quotidien d’un de leurs correspondants. Ce jour-là, tôt le matin, les voilà partis sur les routes de terre rouge aux quatre coins de Comé. En se baladant dans la ville, on croise de temps en temps un “Yovo” (blanc en béninois) dans un café ou encore au marché accompagné par ses correspondants. L’objectif de cette journée est de créer un moment privilégié entre les jeunes Béninois et Belges qui permette plus d’intimité et de profondeur dans l’échange interculturel. Les élèves découvrent la maison et les familles de leurs correspondants, ils partagent des moments ludiques et participent également aux tâches quotidiennes auxquelles sont assignés les correspondants. “Mon correspondant m’expliquait que son père est absent. Il travaille ailleurs dans un autre pays” raconte Tiffany, élève à la Vierge Fidèle. “Avec Elsa, on s’est baladé et on a rencontré sa cousine, ses soeurs, ses voisins et ses amis” raconte Alix enthousiaste. “Moi j’ai un peu appris à tisser les nattes, c’était chouette ! Puis on a préparé le feu pour cuisiner” raconte Lena. Lors du débriefing, Israël, le responsable ECMS de Carrefour Jeunesse Afrique, est là pour leur expliquer toutes les particularités des réalités béninoises. “Ici, les parents sont relativement pauvres. Il est très fréquent que les pères partent travailler dans les pays limitrophes pour gagner de l’argent. C’est souvent le reste de la famille qui s’occupe de l’éducation des enfants. La communauté participe, elle aussi, activement à cette éducation” explique-t-il. En conclusion, les jeunes Belges semblent assez unanimes sur un point : être un jeune au Bénin ou en Belgique, ce n’est pas très différent. “On n’a pas tous forcément les mêmes centres d’intérêt mais ce sont des jeunes comme nous ici. Il y a un peu près les mêmes choses qui les intéressent, c’est juste qu’on n’est pas nés dans le même pays. Vis-ma vie, ça a confirmé ce que je pensais. Ils ont des journées similaires aux nôtres, en fait” souligne avec justesse Alix, élève à la Vierge Fidèle. L’expérience arrive doucement à sa fin et bientôt les élèves devront quitter leurs correspondants pour rentrer à Bruxelles. “J’ai envie de rentrer mais je n’ai pas envie de partir” déclare une élève à Pierre Cantraine. “À ceux qui ne sont pas partis j’ai envie de dire qu’il faut oser se lancer. Ils ne vont pas le regretter, ça c’est sûr ! C’est une expérience incroyable donc foncez !” s’exclame Lesly, élève à la Vierge Fidèle. Une expérience indélébile, qui fait écho aux belles paroles d’Elsa, leur correspondante : “Belges et Béninois, ici, partager et échanger pour mieux rêver! C’est ici que ça se termine, au revoir la famille ! Je vous remercie pour ces moments infinis. Les rires et les souvenirs, je ne pouvais plus les compter et je ne pourrais pas les oublier”.

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