Le massacre perpétré dimanche dans le territoire de Djugu, en Ituri, ajoute de la colère à la colère chez les habitants de cette province meurtrie.
La milice de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) a encore frappé ce dimanche 8 mai aux abords de la mine d’or Camp Blanquette, dans territoire de Djugu, alors que l’état de siège décrété par le président Félix Tshisekedi dans les provinces de l’Ituri et du Nord Kivu, célébrait son premier anniversaire.
« Il y a 29 corps ramenés à la cité de Pluto. Six corps calcinés ont été enterrés sur place », a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Bikilisende, bourgmestre de la commune rurale de Mungwalu dans le territoire de Djugu.
« Un bébé de 4 mois et une femme » figurent parmi les morts. « Ce bilan est provisoire, puisqu’il y a d’autres civils tués dont les corps ont été jetés dans des trous d’orpaillage et plusieurs autres civils sont portés disparus. La fouille se poursuit« , ajoutait dimanche Jean-Pierre Bikilisende, qui regrettait : « Camp Blanquette est érigé dans la forêt, loin de la position militaire la plus proche. L’intervention est donc arrivée avec un peu de retard. »
Ce lundi, Dieudonné Lossa Dhekana, le coordonateur de la société civile de l’Ituri, dresse un bilan encore plus terrible. « Il y a au moins 50 morts et près de 100 personnes kidnappées. Ce lundi matin, on a dû ajouter quatre décès sur cette liste; en effet, sur les 7 blessés qui ont été transférés à l’hôpital général de Mungwalu, quatre ont succombé ce 9 mai au matin ».
M. Lossa Dhekana, comme d’autres personnes contactées en Ituri, s’inquiète de la violence de ces dernières attaques du Codeco qui surviennent « alors que le président de la République a annoncé la tenue d’une table ronde pour mettre fin à l’état de siège. Faut-il s’attendre à une nouvelle flambée de violence ? La situation s’était un peu apaisée après le passage du Premier ministre mais depuis l’annonce du président, la violence redouble. C’est très inquiétant mais il faut maintenir le cap et mettre fin à cet état de siège qui n’a apporté aucune réponse à la violence que nous connaissons ici. »
« Remplacer les militaires »
Dans l’Ituri, la population en appelle au départ de tous les militaires en poste avant ou pendant l’état de siège. « Il faut renvoyer tous ces hommes. Il y a trop de connexions entre les militaires et les rebelles », explique un jeune activiste, Christophe Matumona. « Tant que ces militaires resteront en place, il n’y a rien à attendre de positif », enchaîne M. Lossa Dhekana qui termine : « Si rien ne change, s’il n’y a pas plus de mobilisation à Knshasa, le peuple d’Ituri sera exterminé. Le président de la République reviendra-t-il ici quand tous les Ituriens auront été massacrés ? Je ne sais pas s’il sera à l’aise dans ce type de scénario… »