Le sentiment anti-français et dès lors anti-européens semble en passe de s’installer solidement comme argument politique en Afrique de l’Ouest.
La sortie ce lundi du Premier ministre burkinabé Albert Ouedraogo, porté à la tête du gouvernement le 3 mars dernier par le chef de la junte militaire le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, n’est pas passée inaperçue dans nombre de chancelleries occidentales.
Le Premier ministre de la transition a en effet annoncé au Parlement intérimaire que son pays allait “diversifier” les partenariats en matière de coopération militaire.
“En ce qui concerne la coopération militaire avec d’autres États, l’option est désormais de diversifier les partenariats, afin d’optimiser les atouts spécifiques de chaque partenaire. En tout état de cause, ces partenariats seront fondés sur le respect de notre indépendance territoriale et la sincérité”, a indiqué Albert Ouedraogo.
Le chef du gouvernement de transition a présenté une feuille de route orientée principalement sur la lutte contre le terrorisme et la sauvegarde de l’intégrité territoriale.
Il a assuré que le gouvernement prendrait des mesures visant à renforcer l’efficacité de l’action militaire sur le terrain et à améliorer la collaboration entre les forces de défense et de sécurité, les volontaires pour la défense de la patrie et la population. Quelques jours avant cette communication du chef de gouvernement, les rues de Ouagadougou avaient résonné des cris des manifestants de la coalition “Faso Lagam Taaba Zaaka”. Ils appelaient le nouveau pouvoir à en finir avec les accords avec la France pour se tourner vers la Russie… mieux placée pour combattre les organisations terroristes, selon ces manifestants qui mettaient aussi en avant de possibles collaborations avec la Chine et demandaient la fin des accords “coloniaux” passés avec la France dans le domaine de la défense.
Certains, même dans les rangs politiques burkinabés, soupçonnent Moscou d’être discrètement à la manœuvre et insistent sur le fait que le nouveau pouvoir qui a renversé le président Roch-Marc Kaboré en janvier dernier n’a pas remis en cause la coopération militaire avec la France. “Le Burkina Faso abrite le groupement français de forces spéciales ‘Sabre’ sans que cela pose de souci au nouveau pouvoir”, explique un ancien ministre.
Futurs partenariats “sincères”
“Ces futurs partenariats seront fondés sur le respect de notre indépendance territoriale et la sincérité”, a expliqué le Premier ministre dans une déclaration qui n’était pas sans rappeler celle de Choguel Kokalla Maïga, le chef du gouvernement de transition malien qui avait précipité les tensions avec la France.
“Face au péril terroriste, nous n’avons d’autre choix que de sauvegarder l’intégrité territoriale, en libérant les zones occupées par les groupes terroristes, en y ramenant la sécurité et en assurant la continuité du service public et le développement local”, a encore ajouté lundi le Premier ministre burkinabé.