Soixante-deux organisations congolaises et étrangères ont alerté jeudi sur la préparation en République démocratique du Congo (RDC) d’élections « bâclées et chaotiques » prévues fin 2023, après avoir relevé des similitudes avec les précédents scrutins aux résultats contestés, organisés en 2011 et 2018. « La préparation des élections accuse déjà un retard de douze mois. Or, il faut mille jours pour organiser des élections transparentes, inclusives, libres et crédibles en respectant le délai constitutionnel », a expliqué Jérôme Bonso, de la Ligue nationale pour des élections libres et transparentes (Linelit) au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.
« Nous alertons maintenant, parce que de tout ce qui se fait dans les préparatifs, on perçoit des signaux clairs qui démontrent que les élections en préparation risquent d’être bâclées et chaotiques comme celles organisées en 2011 et 2018 », a affirmé un des responsables du mouvement citoyen Filimbi (sifflet en swahili), Floribert Anzuluni..
« Nous déclarons ensemble (avec les ONG congolaises) que les prochaines élections en 2023 doivent se dérouler d’une autre manière. Mais, après analyse du processus de préparation, « nous avons peur », a pour sa part déclaré un ancien responsable de l’agence américaine USAID en RDC, Tony Gambino,
Dans une déclaration commune, les 62 ONG ont invité le gouvernement congolais et la communauté internationale à veiller « dès maintenant à ce que les prochaines élections soient véritablement libres, inclusives, transparentes et démocratiques et que personne ne puisse travestir les résultats sortis des urnes ».
Les dirigeants de la commission électorale nationale indépendante (Céni), contestés par les églises catholique et protestantes, ont accusé le gouvernement de ne pas libérer les fonds pour des opérations pré-électorales alors que le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi, a affirmé avoir déjà versé plus d’une vingtaine de millions de dollars à la Céni.
En 2011 et en 2018, la société civile, principalement l’église catholique, ainsi que des partenaires étrangers de la RDC, avaient remis en cause les résultats publiés par la Céni et avalisés par la cour constitutionnelle.
Malgré des irrégularités constatées, la communauté internationale a laissé faire, a regretté un porte-parole du collectif d’ONG « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV), Jean-Claude Mputu.
L’organisation américaine The Sentry, qui suit le processus, va proposer des sanctions individuelles contre des personnes qui entravent le bon déroulement des préparatifs des élections, a indiqué sa directrice, Justyna Gudzowska.
Dans une interview publiée jeudi par le journal ‘Le Soir’, le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a affirmé vouloir « tenir les délais (fixés pour les élections) pour que les gens croient en moi et que j’aie l’occasion de rempiler ».
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les élections se tiennent dans les délais mais pour cela nous aurons besoin de l’accompagnement de la communauté internationale. Je veux tenir les délais pour que les gens croient en moi et que j’aie l’occasion de rempiler. Car jusqu’à présent je n’ai pas eu beaucoup de temps », a-t-il ajouté.
M. Tshisekedi a déjà annoncé qu’il briguerait un second mandat. Il avait été proclamé vainqueur de la présidentielle contestée du 30 décembre 2018, alors que les législatives avaient donné une majorité parlementaire aux forces politiques acquises à M. Kabila. Ce n’est qu’en décembre 2020 qu’il a rompu avec le camp kabiliste en créant une « Union sacrée de la Nation » (UNS), une nouvelle majorité pro-Tshisekedi