RCA : Barbouzerie à Bangui

RCA : Barbouzerie à Bangui

Quatre militaires de la Légion française ont été arrêtés. Ils sont accusés d’avoir cherché à éliminer le président Touadera.

Que se passe-t-il à Bangui, la capitale de la République de Centrafrique ? Lundi soir, les réseaux sociaux se sont emballés. Des dizaines de photos, des vidéos prises sur le tarmac de l’aéroport international de Bangui-Mpoko montraient quatre militaires de la force des Nations unies (Minusca) interpellés par les gendarmes centrafricains, leurs armements et leurs moyens de télécommunication filmés en gros plan, ainsi que des images d’un véhicule 4×4 sans immatriculation. Ces quatre hommes, des membres de la Légion étrangère française (de nationalité italienne, bulgare et roumaine dont les identités ont été largement diffusées), auraient tenté, selon la version des autorités locales, de s’en prendre directement au président de la République Faustin Archange Touadera dont le convoi était attendu sur place.

Un scénario immédiatement réfuté par Paris mais également par les Nations unies qui dénonçaient une “désinformation” et une “manipulation grossière”.

Pour le gouvernement français, ces militaires escortaient simplement le général Stéphane Marchenoir, chef d’état-major de la force de maintien de la paix en Centrafrique (Minusca) à l’aéroport, où il prenait un avion pour Paris.

Une version qui n’a pas modifié la détermination du parquet centrafricain. Mardi soir, le procureur de la République de Bangui annonçait en effet l’ouverture d’“une enquête régulière pour faire la lumière sur les faits”.

L’ombre des mercenaires russes

Pour Paris mais aussi pour Washington, ce “coup de filet” doit être lu en parallèle de la démarche de leurs ambassadeurs auprès des Nations unies. En effet, l’annonce de cette arrestation est survenue le jour même où les deux pays ont accusé pour la première fois devant le Conseil de sécurité de l’Onu les “mercenaires” de la société russe de sécurité privée Wagner d’avoir “exécuté” et “massacré” des dizaines de civils. Ces accusations portent aussi sur une campagne “systématique” de “terreur” en Centrafrique où ces “mercenaires” combattent les rebelles aux côtés de l’armée régulière.

Ce mercredi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a réclamé la libération immédiate des quatre militaires de la Légion étrangère. “Ces membres de la Minusca bénéficient de privilèges et d’immunités qui leur sont accordés dans l’intérêt de l’Organisation des Nations unies”, a ajouté Antonio Guterres, en soulignant que la procédure établie entre l’Onu et la Centrafrique en cas de soupçon d’infraction concernant des personnels onusiens “n’avait pas été respectée”. M. Guterres a poursuivi en appelant “le gouvernement de la Centrafrique à respecter toutes ses obligations en vertu du droit international, y compris l’accord sur le statut des forces, et à libérer sans condition et sans délai ces personnels de la Minusca”.

Bangui n’a pas réagi jusqu’ici à ces appels et entend poursuivre son enquête judiciaire et ne compte pas libérer les militaires avant la conclusion de celle-ci.

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