La formation MWA continue…

La formation MWA continue…

Le 19 janvier 2022, l’équipe Move With Africa se réunit une fois de plus afin de poursuivre sa formation.

Pierre commence par nous expliquer le fonctionnement du premier jeu. De prime abord, cela parait simple: il suffit juste de se taire et de jouer aux cartes. Alors, nous nous plaçons en petits groupes et attendons la feuille avec les règles à suivre. En silence, les équipes lisent et commencent à jouer ensemble sans mot dire.

Puis, un joueur change de table à chaque partie, les groupes se mélangent, toujours en silence. Et lorsque l’on recommence une partie, on se rend vite compte que les règles sont différentes pour chaque table.

C’est un peu déstabilisant car nous nous trouvons dans une situation où nous jouons mais d’autres jouent avec d’autres règles. Certains s’adaptent aux nouvelles règles tandis que d’autres imposent les leurs, et d’autres enfin se sentent perdus ou déstabilisés. La tension monte dans certains groupes et il devient difficile de ne pas accuser l’autre de tricherie ou autre.

Cette activité démontrait à quoi nous pouvions être confrontés lors de notre arrivée au Bénin et que chaque culture développe ses propres mécanismes de défense. Nos cultures n’ont pas les mêmes codes et il va falloir les respecter, étant donné que nous sommes « les nouveaux de la table ». Il ne s’agirait pas de refouler son désaccord mais de partager sa vision, écouter celle de l’autre, puis en débattre (sans vouloir imposer nos codes).

Ensuite, Pierre nous explique le jeu suivant, plus complexe cette fois-ci. Il divise le groupe en deux. La première partie reste en classe alors que la seconde s’en va dans le couloir. Nous prenons connaissance des différents documents qui expliquent la culture fictive que nous devrons suivre.

D’un côté, il y a les Karo qui sont de très bonnes mains d’œuvre (le carré est au centre de leur construction, langage, …) et ils prônent l’égalité. Végan et écolo, ils veulent sauver leur unique source d’eau qui s’évapore à cause du changement climatique.

Malheureusement, la source d’eau se trouve dans le village des Delta qui ne partagent ni leur langue, ni leur culture. D’un point du vue ingénieur, leurs constructions sont médiocres : la source continue de s’évaporer à cause de leur système circulaire inefficient. Les Karo savent que seule une infrastructure en carré pourra résoudre le problème.

Alors, les Karo accourent à leur village, avec leurs branches de bambous et quelques mètres de tissus afin d’élaborer un meilleur système. Ils entrent en classe et constatent qu’on demande aux femmes de s’asseoir (par des gestes). Certains sont tentés d’obéir, d’autres s’y opposent, puisque chez eux, dans leur culture, hommes et femmes sont égaux. Donc les Karo font comprendre aux autres que soit ils s’asseyent tous, soit ils restent tous debout.  Finalement, tout le monde perd patience et les Karo finissent par imposer leur construction. Heureusement pour eux, les Delta ne peuvent pas aller dans la zone de la source et sont donc obligés de les laisser faire.

Le jeu tourne au désastre, chaque groupe voulant imposer sa vision à l’autre, même si tout part d’une bonne intention… Mais sans écoute ni dialogue réels, il est extrêmement difficile de se comprendre. Avant que la construction ne finisse en ring de boxe, Pierre arrête le jeu pour qu’on puisse en discuter ensemble et en tirer les enseignements. Les Karo apprennent que dans la culture des Delta, tout ce qui était circulaire était sacré. Leur construction l’était et comme les Karo l’avaient détruite pour placer la leur, ils ont pris ça comme une insulte et ont décidé que déclarer la guerre allait peut-être régler l’affaire. A nouveau, nous avons tous pris conscience à quel point le langage verbal ainsi que la connaissance de l’autre culture étaient importants. Car sans cela, nous n’arrivions pas à communiquer, à nous faire comprendre. Donc, ça s’est terminé en conflit : la source n’a pas été sauvée. Résultat : tout le monde meurt de déshydratation, malgré l’intention «constructive» de chacun.

Institut de la Vierge Fidèle

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