Mali : Paris face à l’expulsion de son ambassadeur

Mali : Paris face à l’expulsion de son ambassadeur

Joël Meyer n’est plus l’ambassadeur de France au Mali. Ce lundi 31 janvier, le diplomate français a été renvoyé par les autorités maliennes.

Le désamour entre Bamako et Paris est monté d’un cran. Une poussée de fièvre dont se serait bien passée la France dans une Afrique de l’Ouest déstabilisée par la poussée djihadiste et, ces derniers temps, par une série de coups d’État (Mali, Guinée et, la semaine dernière, Burkina Faso, sans oublier la tentative de putsch avortée menée ce 1er février en Guinée-Bissau).

Mais selon plusieurs sources, le renvoi de l’ambassadeur français, doit surtout être vu comme une volonté du régime malien de montrer qu’il ne s’en laisse pas (plus) compter par Paris sans remettre totalement en question le partenariat militaire avec la France et avec les autres États européens venus prêter assistance à un pays qui, seul, ne peut enrayer l’avancée de combattants djihadistes.

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, de passage dans la capitale française ces dernières heures, n’a cessé de marteler que “La France devait respecter” son pays, que “l’attitude des autorités françaises devait changer”, tout en rappelant que la collaboration “se déroule bien sur le terrain”, tandis que la junte au pouvoir, tout en renvoyant l’ambassadeur français, a répété son “attachement aux partenariats existants”.

Réciprocité

Le renvoi de l’ambassadeur doit être regardé comme une volonté des militaires au pouvoir à Bamako de répondre aux sorties du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui n’a pas hésité à évoquer “l’illégitimité” des actuelles autorités maliennes au lendemain de leur refus d’accueillir les troupes danoises, mais aussi au refus répété de répondre favorablement à la demande d’agrément pour un nouvel ambassadeur du Mali en France. Jusqu’ici, le poste diplomatique malien à Paris est géré par un chargé d’affaires nommé par l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

La France se montrerait réticente vis-à-vis du candidat proposé. En cause, selon la lettre d’information Africa Intelligence, le passé moscovite du candidat un journaliste qui aurait effectué une partie de ses études en Russie. Un CV qui poserait question au Quai d’Orsay.

Partir ou pas ?

Mais malgré ce contexte, la France sait qu’elle ne peut quitter le Mali. Se retirer serait un constat d’échec pour un président en campagne. Ce serait aussi laisser le champ libre aux projets russes et prendre le risque de voir exploser de nouveaux fronts djihadistes. Les islamistes, qu’ils soient affiliés à l’État islamique ou à al-Qaïda, ont d’ailleurs repris un peu de poil de la bête depuis que ces tensions entre Paris et Bamako ont atteint de nouveaux sommets.

Paris, surtout, mais aussi les 14 États (dont la Belgique) présents dans la force Takuba (600 à 900 hommes) sont confrontés au Mali et dans le Sahel au déficit militaire de ces États et à l’incapacité des instances régionales d’offrir une réponse aux offensives djihadistes, contrairement à ce qui se passe au Mozambique ou la Sadec (soutenue par l’UE) s’organise pour enrayer la poussée islamiste.

Que pensez-vous de cet article?

Derniers Articles

Journalistes

Dernières Vidéos