Opinions par Jean Bool, journaliste et analyste politique
Luanda, la capitale angolaise, avant les fêtes de fin d’année 2021, a vécu au rythme de deux événements politiques majeurs.
Il s’agissait de deux congrès tenus en début du mois de décembre dernier presque simultanément, l’un par l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) et l’autre par le MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola). Chaque formation politique a élu son chef, dans le contexte angolais, c’est le candidat à l’élection présidentielle dans un scrutin indirect.
Adalberto Costa Junior, réélu à la tête de l’UNITA, aura la lourde tâche d’affronter l’actuel président angolais, Joao Lourenço, lors des élections générales du mois d’août 2022. Et les observateurs de la politique angolaise pensent que tout est possible, cette fois-ci.
Alors qu’en Afrique l’alternance est en train de quitter le monde des rêves, et commence à s’inscrire dans les réalités politiques, en Angola on en est à s’interroger si elle est dans l’ordre du possible. Dans la région, cette expérience est déjà vécue par certains Etats. Son grand voisin du nord, la RD-Congo, organisera ses premières élections en 2023, après l’alternance. Il y aussi le cas de la Tanzanie.
Le face-à-face UNITA-MPLA a quitté, depuis longtemps le terrain des armes, et se déroule désormais dans un contexte démocratique. Finie la danse du sabre !
Le successeur de José Eduardo dos Santos, le président Joao Lourenço devra assumer deux bilans, celui de son parti et le sien depuis 2017. Empêtré dans les affaires et paralysé par des luttes internes, le MPLA n’est plus ce parti qui a fait rêver le peuple angolais, surtout la jeunesse dans les années 90.
Au terme de son premier mandat, le président Lourenço n’a pas pu diversifier les ressources pour dynamiser l’économie angolaise. Et aujourd’hui, les conséquences de la pandémie de coronavirus compliquent encore son bilan.
En face, l’Unita, parti d’opposition, entend jouer la carte de l’avenir. Son nouveau président, Adalberto Costa Junior, grand tribun devant l’éternel et pragmatique, s’est montré disruptif en mettant sur pied une alliance avec deux autres partis de l’opposition. Il se positionne comme un candidat de rupture et séduit la jeunesse angolaise.
Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, les élections générales ne sont plus attendues avec appréhension. Mais pour que ce climat s’observe pendant et après, les élections doivent se dérouler dans la transparence, puis l’implication de la société civile dans le dépouillement des bulletins de vote doit être autorisée.