Partira, partira pas ?
Ce qui apparaît de plus en plus clairement comme un bras de fer entre le président de la République et celui qu’il avait désigné pour prendre les rênes de son parti et mis à la vice-présidence de l’Assemblée nationale tourne au cauchemar pour jean-Marc Kabund, de plus en plus isolé.
S’il conserve une base au sein de l’UDPS, du côté de l’Union sacrée, c’est le désert. Depuis le début de la semaine la quasi totalité des parlementaires issus d’une majorité, dont Kabund est pourtant un des principaux architectes, lui tournent le dos comme le démontre la « Déclaration politique de la Majorité parlementaire Union sacrée de la nation » signée par les présidents des groupes parlementaires au nom « de tous les députés nationaux membres de l’Union sacrée ».
RDCongo: l’incroyable élection du bureau de l’Assemblée nationale
Ceux-ci répètent, dans une prose digne des meilleurs discours nord-coréens, leur attachement « sans faille à l’Auguste personne » du président de la République, avant de conclure avec autant de zèle que l’Union sacrée « n’a qu’un seul Chef et Visionnaire ».
Mboso en danger
La tempête qui secoue l’UDPS pourrait aussi emporter le président de l’Assemblée nationale. Christophe Mboso, l’un des symboles les plus marquants du débauchage mené par la future nouvelle majorité au sein de la plateforme kabiliste du FCC, est en effet de plus en plus contesté. L’homme qui a affiché depuis plus d’un an, un sens affûté de l’esquive et de l’anticipation, se voit reprocher sa trop grande proximité et son soutien à Kabund.
Son perchoir est branlant d’autant qu’en cas de départ effectif de Kabund, il faut s’attendre à un grand jeu de chaises musicales au sein des institutions congolaises. Une redistribution des cartes qui pourrait toucher les deux chambres, voire le gouvernement de Sama Lokonde. En effet, Modeste Bahati, le patron du Sénat, est en perte de vitesse et son poids à l’est, dans les Kivus, s’estompe au fil du retour en grâce, voire de la rédemption, de Vital Kamerhe. L’ « Auguste président » qui doit réussir à transformer cette Union sacrée en machine de campagne pour sa réélection fin 2023, pourrait être tenté d’utiliser la crise actuelle pour mettre en place la structure qui doit l’amener à la victoire à la présidentielle même si le timing n’est pas idéal. Il reste encore presque deux années complètes avant le scrutin. L’horizon est lointain, le ciel pas vraiment dégagé et les navigateurs pas très expérimentés tandis que certains membres de l’équipage n’ont pas enterré toute ambition.