Les djihadistes du Mozambique font bouger les lignes en Afrique australe

Les djihadistes du Mozambique font bouger les lignes en Afrique australe

La tension est actuellement retombée d’un cran dans le nord du Mozambique dans la province de Cabo Delgado, riche en gaz, devenu l’une des cibles de prédilection de mouvements islamistes en Afrique.

Mais l’accalmie du moment – et la reprise d’une partie du terrain gagné par les islamistes notamment grâce à l’intervention d’une brigade rwandaise de mille hommes – ne fait pas disparaître les craintes d’une nouvelle offensive. Le Mozambique en est conscient, la Tanzanie voisine est sur les dents, l’ensemble des pays membres de la SADC (South African Development Community) tente de trouver une réponse adéquate et même l’Union européenne ne cache pas son inquiétude.

« En fait, le risque de déstabilisation de l’ensemble de la Corne de l’Afrique, de l’est de l’Afrique sub-saharienne et de la zone de la SADC est réelle », explique un expert de la région qui pointe du doigt la grande fragilité du Mozambique « incapable de faire face seule à une offensive d’ampleur des islamistes comme l’a prouvé dans un passé récent la prise du port de Palma par les djihadistes d’Al-Shabab, groupe affilié à l’État islamique ».

Face à cette menace pour la région, la SADC a mis sur pied la SAMIM. La mission de la SADC au Mozambique (SAMIM) a été déployée le 15 juillet 2021, suite à un sommet extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de la SADC
réuni à Maputo (Mozambique), le 23 juin 2021. Objectif mettre sur pied « une riposte régionale visant à soutenir la République du Mozambique dans sa lutte contre le terrorisme et les actes d’extrémisme violent », explique le communiqué publié au terme de ce sommet. L’Afrique du Sud, principal pourvoyeurs d’hommes a mobilisé 1485 soldats, le Zimbabwe, a dépêché 304 formateurs et le Botswana a envoyé 296 hommes. Le premier mandat courait du mois de juillet au mois de novembre 2021 mais il a été renouvelé au moins jusqu’au mois de janvier prochain. 

L’Union européenne se mobilise

L’Union européenne a aussi décidé de s’investir dans ce combat contre la poussé islamiste dans cette région. Le Conseil européen a déjà mis sur pied une mission militaire d’assistance au Mozambique baptisée EUTM Mozambique avant d’activer le mécanisme de facilité européen pour la paix (FEP) et le 19 novembre dernier le Conseil Affaires générales de l’UE a décidé que le Mozambique recevrait 40 millions d’euros a travers la EUTM Mozambique pour épauler l’armée mozambicaine.

Mais l’Europe, et singulièrement la France (largement soutenue par le Portugal), qui prendra la présidence tournante de l’UE au 1er janvier prochain n’entend pas en rester là et travaille actuellement sur un projet de task force militaire régionale pour le Mozambique en collaboration avec huit Etats de la SADC (Botswana, Namibie, Lesotho, Afrique du Sud, Tanzanie et Zimbabwe).

Le poids économique de  la région du Mozambique ou des gisements de gaz gigantesques ont été découverts  et la présence du groupe Total peut aussi expliquer l’attrait de ce combat pour Paris.

Dans cette perspective, suite à un intense lobbying certaines voix se sont élevées au sein de la Commission européenne pour mettre en avant le rôle clé que le Zimbabwe pourrait jouer militairement non seulement pour combattre aux cotés des forces armées mozambicaines mais également comme acteur de stabilisation pour la région.

Certains experts au sein du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), bras armé de la diplomatie européenne, et même quelques Commissaires considèrent que les sanctions contre le Zimbabwe sont contre-productives et ont lancé une procédure pour obtenir leur levée. Le timing est serré, l’espoir étant d’obtenir la levée de ces sanctions en vue du Sommet Europe – Afrique des 17-18 février. Emmanuel Macron, en pleine campagne pour sa réélection à la présidentielle d’avril prochain espère engranger des résultats significatifs et espère pouvoir y annoncer au président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, d’ores et déjà invité, la levée de ces sanctions qui ont déjà bien été édulcorées depuis la fin de l’ère Mugabe.  

Le 6 décembre , le Régime mondial de sanctions de l’UE en matière de droits de l’homme au cours de son réexamen annuel de l’annexe principal, n’a pas mentionné le Zimbabwe, seules la Libye , le Sud Soudan , la Russie , l’Erythrée, la Corée du Nord et la Chine sont prolongées et sanctionnées.

Ce qui semble démontrer un changement notable de la Commission européenne à l’égard du Zimbabwe .

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