Colonisation: Kinshasa lance un chantier sur le retour de son patrimoine

Colonisation: Kinshasa lance un chantier sur le retour de son patrimoine

Le président congolais Antoine-Félix Tshisekedi Tshilombo a annoncé vendredi à Kinshasa la création d’une commission « sur le rapatriement du patrimoine culturel congolais » ayant quitté le pays du temps de la colonisation belge, indique samedi le compte rendu du conseil des ministres. « Fort du thème de son mandat à (la présidence de) l’Union africaine intitulé Art, culture et patrimoine: leviers pour construire l’Afrique que nous voulons », M. Tshisekedi a souligné durant ce conseil « l’opportunité d’aborder la question du recouvrement de notre patrimoine, notamment avec le Musée royal d’Afrique centrale de Tervuren », précise le compte rendu.

Ce musée, situé près de Bruxelles, recèle une « grande quantité d’une valeur inestimable de nos plus belles oeuvres », ajoute le texte.

« Saluant la coopération des autorités belges, il a insisté sur la nécessité de voir ce processus de rapatriement se libérer de toute passion et s’inscrire sur une nouvelle politique culturelle fondée sur le respect mutuel », indique encore le compte rendu lu par le  le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya Katembwe, qui est également porte-parole du gouvernement de Kinshasa.

Pour y parvenir, précise-t-il, le président « a demandé au Premier ministre (Jean-Michel Sama Lukonde, ndlr) de créer une commission nationale de politique commune sur le rapatriement du patrimoine culturel congolais », qui devrait inclure ministères, experts, scientifiques, chefs coutumiers, autorités traditionnelles, monarques, etc.

L’origine du musée de Tervuren, anciennement connu comme « musée du Congo » puis de l’Afrique centrale et maintenant appelé « AfricaMuseum », remonte à l’exposition universelle de Bruxelles de 1897, indique le musée sur son site internet.

Ses collections ont été constituées en grande partie pendant la période coloniale, précise le musée, qui dit aborder la question d’une restitution éventuelle avec « un esprit ouvert et constructif ». Il rappelle notamment avoir transféré entre 1976 et 1982, 114 objets ethnographiques à l’Institut des musées nationaux du Zaïre (ancien nom de la République démocratique du Congo) à Kinshasa.

Le roi Léopold II avait fait du Congo sa propriété personnelle entre 1885 et 1908, avant que le pays ne devienne colonie belge, jusqu’à son indépendance, le 30 juin 1960.

L’annonce faite à Kinshasa intervient à quelques jours d’une visite en RDC de la ministre de la Coopération au développement, Meryame Kitir, et du secrétaire d’État à la Politique scientifique, Thomas Dermine.

Le déplacement de M. Dermine sera axé sur le thème du « renforcement des collaborations culturelle et scientifique », sur fond de préparatifs de la restitution des biens provenant de la colonisation. Il sera notamment accompagné par le directeur général de l’AfricaMuseum, Guido Gryseels.

Le gouvernement belge a lancé début juillet un vaste chantier d’étude de la provenance des biens issus de la colonisation. Un cadre a été fixé pour la restitution des biens aux anciennes colonies (l’ex-Congo belge, mais aussi le Burundi et le Rwanda, sous mandat belge de 1923 à leur indépendance en 1962) qui, dans les années à venir, pourrait viser des milliers d’objets et faire de la Belgique une pionnière dans ce domaine.

L’essentiel de ces biens se trouve à l’AfricaMuseum, institution fédérale. Quelque 128.000 objets sont recensés, provenant à 85% de la RDC, dont la grande majorité sont des objets de la vie quotidienne. Le musée évalue à 1% la part issue de pillages, à 58% la part appropriée correctement, le reste devant faire l’objet d’une – coûteuse – étude de provenance (2,5 millions d’euros selon M. Gryseels).

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