Sahel et Lituanie principaux théâtres d’opération de l’armée en 2022, reprise avec la RDC

Sahel et Lituanie principaux théâtres d’opération de l’armée en 2022, reprise avec la RDC

Le Sahel et le flanc oriental de l’Otan devraient figurer l’an prochain en haut du menu des opérations militaires belges à l’étranger, avec à chaque fois le déploiement d’une compagnie – soit environ 150 hommes à chaque fois -, dont une au Mali au sein du groupement européen Takuba, a indiqué mercredi le ministère de la Défense, en annonçant également la reprise de la coopération militaire belgo-congolaise. Ces opérations devraient engendrer au total un coût brut de 129 millions d’euros et net (déduction faite de frais fixes et de remboursement par des tiers) de 76,19 millions, a expliqué le responsable des opérations au cabinet de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, lors d’un exposé très attendu par la commission de la défense nationale de la Chambre.

L’armée belge participe déjà avec plusieurs officiers d’état-major à la Task Force Takuba, a rappelé le capitaine de frégate Kristof Van Belleghem.

Ce groupement de forces spéciales européennes, initié par la France et qui rassemble désormais une dizaine de pays – dont la Norvège, non-membre de l’UE  – conseille, assiste et accompagne les forces armées maliennes (FAMa).

« La Défense envisage aussi l’envoi complémentaire d’un Combined Arms Tactical Sub-Group » (CATSG, en français un sous-groupement tactique interarmes) qui sera déployé de manière graduelle et évolutive. Les nombres évolueront de 165 vers 255 militaires en 2022″, entre le milieu et la fin de l’année, en fonction de la situation politique et sécuritaire sur place, a ajouté le conseiller de Mme Dedonder.

Ce CATSG, une unité conventionnelle équipée de blindés à roues, s’intègrera au sein d’une opération essentiellement composée de forces spéciales, plus légères et plus mobiles.

Les missions assignées à cette compagnie de manœuvre pourraient consister d’une part en la protection de la base de déploiement de Takuba et de convois logistiques et d’autre part en « l’appui en deuxième ligne des forces spéciales et de leurs partenaires maliens », selon le commandant Van Belleghem.

Il a précisé que l’analyse détaillée de cet engagement opérationnel inédit pour l’armée belge était encore en cours au sein de l’état-major de la Défense.

L’armée maintiendra par ailleurs sa participation à des niveaux différents dans plusieurs pays de la région du Sahel et alentours: au Mali, au sein des missions de l’ONU (la Minusma, avec sans doute un des nouveaux avions de transport Airbus A400M pour trois mois) et de l’Union européenne chargée de la formation des FaMA (l’EUTM-Mali), en Tunisie, au titre de l’assistance militaire, au Niger en vertu de la coopération bilatérale baptisée Operation New Nero (ONN, qui vise à former des unités de l’armée nigérienne pour combattre les groupes djihadistes actifs au Sahel) et au Burkina Faso pour entraîner les forces spéciales locales.

Toujours dans la région, des militaires se déploieront au Bénin pour entraîner des équipages de patrouilleurs fluviaux et former des démineurs et participer à deux exercices dans le golfe de Guinée, a indiqué l’officier.

En Centrafrique, le général-major Jacky Cabo prendra en février le commandement de la mission européenne EUTM-RCA, accompagné par une soixantaine de personnes provenant du quartier-général du Corps européen (ou Eurocorps).

Toujours en Afrique, l’année 2022 verra la reprise effective de la coopération militaire avec la République démocratique du Congo (RDC), brutalement interrompue en 2018 par le régime de l’ancien président Joseph Kabila Kabange. La Belgique assurera avec 25 personnes le « recyclage » des instructeurs de la 31e brigade de réaction rapide, une unité d’élite des Forces armées de la RDC (FARDC) formée entre 2008 et 2016 par des militaires belges, et dépêchera quelques personnes à l’École de commandant et d’état-major (ECEM) située à Kinshasa.

Parmi les autres engagements opérationnels majeurs pour 2022 figure le déploiement d’une autre compagnie de manœuvre de 140 militaires au second semestre en Lituanie, au sein d’un bataillon renforcé (un « battlegroup » en jargon) dirigé par l’Allemagne.

La Belgique participe depuis 2017 au renforcement du flanc oriental de l’Otan face à une Russie considérée comme plus « agressive » depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014. L’Alliance a, parmi d’autres mesures, décidé le déploiement par rotations de quatre bataillons multinationaux dans les trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ainsi qu’en Pologne, sous l’appellation de « présence avancée renforcée » (en anglais eFP pour « enhanced Forward Presence », eFP).

Dans le même registre otanien, la composante Air participera pour sa part avec quatre chasseurs F-16 et 60 militaires à la défense aérienne des pays baltes au sein de l' »Enhanced Air Policing Mission » (EAPM) au départ de la base d’Amari (Estonie) de début décembre 2021 à fin mars 2022.

Quant à la Marine, elle déploiera à trois reprises des chasseurs de mines tripartites (CMT) au sein des deux flottilles de l’Otan chargées de la lutte contre les mines, les « Standing NATO Mine Counter-Measures Groups One » et « Two » (SNMCMG-1 et 2), selon le commandant Van Belleghem.

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