Opinion: la grande déception des Congolais

Opinion: la grande déception des Congolais

Par Emmanuel Ndimwiza Murhonyi, activiste du mouvement citoyen non-violent et non-partisan, LUCHA (Lutte pour le changement).

Les Congolais sont des êtres humains comme les autres, jouissant de droits et devoirs. Ils méritent des services sociaux, des hôpitaux, des écoles, du travail et un salaire décent, la paix, la sécurité physique et sociale, l’eau, l’électricité, des infrastructures routières, l’accès à la nourritur, des dispensaires bien équipés et des personnels soignants disponibles.

La grande déception, c’est qu’après des années de contrôle par des clans familiaux au sommet de l’Etat, quand vous tombez malade, vous allez dans un centre de santé publique financé par les ONG Internationales. Et pour les premiers soins, vous devez d’abord sortir l’argent d’abord, faute de quoi sans argent, on t’abandonne à ton sort jusqu’à ce que tu trouves l’argent.

La grande déception, c’est quand tu amènes ta femme  enceinte à l’hôpital et tu vois qu’il y a plus d’une vingtaine de personnes qui attendent les soins d’une seule infirmière,  non qualifiée pour les soins appropriés, et qu’il fait 48h pour que le matériel médical arrive sur place.

La grande déception, c’est quand tu conduis à l’hôpital un parent gravement malade et qu’on te dit que tu dois l’amener dans une clinique privée pour des analyses préalables, alors que la clinique n’a pas de courant, ni de personnel soignant présent.

La grande déception, c’est quand tu demandes pourquoi l’hôpital n’a pas la machine nécéssaire à sauver des vies qu’on te répond que l’Etat n’a pas les moyens. Et qu’au même moment , vous estimez le coût d’un simple déplacement du cortège du chef de l’Etat ou d’un voyage présidentiel d’une semaine. C’est là que vous êtes totalement anéanti par le mépris de la vie humaine.

Chaque jour, dans nos villages et villes, nous avons des femmes qui meurent en accouchant et des enfants qui succombent au manque d’accès aux soins appropriés.

Chaque jour, nous avons des morts d’accident vasculaire cérébral (AVC), car la vie est devenue stressante et le goût de vivre est remplacé par l’envie de mourir. Si vous allez là où on garde les accidentés; on se demande ce que vaut une vie en RDCongo.

La grande déception, c’est quand vous méditez sur les difficultés des Congolais. Vous vous rendez compte que la politique de santé est une stratégie de contrôle social. Les hôpitaux-mouroirs, c’est pour tuer les Congolais directement ou à petit feu. Si non, pourquoi ne sentons-nous pas d’effort d’amélioration dans ce secteur ?

La grande déception, c’est le choix délibéré de gestion des hôpitaux publics par des contractuels à qui on paie des salaires minables.

La grande déception, c’est le temps d’intervention d’une ambulance en cas d’accident de la circulation ou d’une crise cardiaque en pleine nuit.

Dire que les Congolais sont déçus des partis politiques c’est se mentir à soi-même. Expliquer la résignation, l’inaction actuelle des Congolais par une quelconque déception à l’endroit des partis politiques, c’est une méthode subtile de l’oppresseur pour renforcer l’inaction. C’est une arme psychologique qui vise à provoquer le désengagement politique chez les Congolais, surtout chez les jeunes, considérés comme le Congo de demain, et les condamne à l’enfermement, l’attente et la dissolution de toute la vie sociale des jeunes.

La grande déception, c’est quand les citoyens congolais n’ont pas le temps de s’émouvoir, incapables de se sécuriser mutuellement, individuellement et collectivement.

La grande déception, c’est quand les citoyens congolais sont massacrés chaque jour, tués sauvagement, violés, kidnappés sous les yeux impuissants d’un pouvoir de renégats et d’incapables;

La grande déception, ce sont les discours de la haine – honteux, ridicules et creux – qui n’arrivent pas à répondre aux aspirations profondes d’un peuple humilié, affamé.

Rappelez-vous, jeunes Congolais: nous sommes une génération de résultats positifs. Soyons optimistes, courageux, endurants, travailleurs, unis et déterminés. La victoire est nôtre.

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