L’incroyable histoire de Gogo, l’écolière la plus âgée du monde

L’incroyable histoire de Gogo, l’écolière la plus âgée du monde

Le film de Pascal Plisson met en lumière le parcours et la ténacité d’une formidable grand-mère kenyane, retournée sur les bancs de l’école à 90 ans pour encourager ses arrière-petits-enfants et toutes les petites filles du monde à lutter pour leur droit à l’éducation.

Tandis que sous d’autres latitudes, certains maugréent, traînent des pieds ou tentent de se défiler, Priscilah Sitienei, affectueusement surnommée Gogo, s’est lancée dans la grande aventure de la scolarité à 90 valeureux printemps. Entraînant dans son sillage six de ses arrière-petits-enfants pour qu’ils n’aient pas à souffrir durant toute leur vie d’être illettrés comme elle. Convaincre le directeur de l’école du village ne fut pas une mince affaire mais Gogo, déterminée et inflexible, a tenu bon jusqu’à ce qu’il cède, bien décidée à attirer l’attention du plus grand nombre sur la question fondamentale de l’éducation des enfants et des filles en particulier partout dans le monde mais à commencer par le Kenya.

Un objectif: obtenir son diplôme de primaire

Cette aventure humaine peu banale est au cœur du nouveau film de Pascal Plisson qui a suivi Gogo durant les quelques mois qui précèdent les examens de fin de CM2, l’équivalent de la 5e primaire en Belgique. Au programme: lecture, grammaire, conjugaison, mathématiques et anglais, bien sûr, qui est la seconde langue officielle du Kenya, après le swahili.

Le film reconstitue le parcours à la fois touchant et inspirant de la plus vieille écolière du monde qui est aussi une grand-mère facétieuse, déterminée et pleine de joie de vivre que ses camarades d’école adorent et encouragent car ses «oreilles capricieuses», ses «mauvais yeux» et ses «jambes fatiguées» lui jouent parfois des tours, comme Gogo le fait remarquer…

Mariée tres jeune à un officier décédé durant la guerre d’indépendance, la petite Priscilah n’a jamais été envoyée à l’école par son père qui préférait la voir garder ses vaches. Aujourd’hui, âgée de 94 ans, elle n’a pas hésité à délaisser ses animaux et sa maison pour partir durant de nombreux mois au pensionnat et tenter de réaliser son plus grand rêve: obtenir son diplôme de fin de primaires. Une démarche qui, forcément, impressionne mais rend surtout très fière son arrière-petite-fille, Chepkoech.

Loin de ses trois enfants, 22 petits-enfants et de la plupart de ses 52 arrière-petits-enfants, Gogo retrouve sa copine Dinah, à peine plus jeune qu’elle, qui se demande si elle ne s’inscrirait pas à l’école à son tour pour suivre l’exemple de Gogo tout à la joie de ce qu’elle découvre.

Cent trente millions de filles à scolariser

Dans son précédent film, intitulé Sur le chemin de l’école, Pascal Plisson se penchait déjà sur le quotidien d’écoliers valeureux qui affrontent parfois des kilomètres de routes dangereuses et escarpées pour se rendre à l’école. Ce voyage en terre kenyane, filmé à hauteur d’écoliers, bénéficie de l’indéniable charisme de son personnage principal et met en lumière de façon sensible et humaine l’importance de pouvoir réaliser les rêves des enfants.

Aujourd’hui encore plus de 130 millions de filles n’ont pas accès à l’école, rappelle ce documentaire vertueux aux images magnifiques et à la tonalité feel good qui aurait gagné à se montrer aussi audacieux et entreprenant que sa muse, l’unique et extraordinaire Gogo.

Karin Tshidimba

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