Le Parlement européen a réclamé jeudi le rapatriement humanitaire, « sans préjuger de sa culpabilité ou de son innocence », du Belgo-Rwandais Paul Rusesabagina, condamné le mois dernier à 25 ans de prison pour terrorisme. Conscient des préoccupations émises, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a toutefois demandé de ne pas perdre de vue les éléments de preuve de l’accusation, dont bon nombre ont été fournis par les autorités judiciaires d’un État membre, sous-entendu la Belgique. « M. Rusesabagina est l’exemple même des violations des droits de l’homme au Rwanda », affirme la résolution parlementaire, adoptée à la quasi-unanimité (660 voix contre 2 et 18 abstentions). Les eurodéputés appellent à remettre en cause l’équité du verdict et à la libération immédiate de M. Rusesabagina pour des raisons humanitaires.
Le 21 septembre dernier, Paul Rusesabagina, ressortissant belge et résident à la fois en Belgique et aux États-Unis, héros du film Hotel Rwanda de 2004 pour son action dans le sauvetage de plus d’un millier de personnes menacées par le génocide de 1994, a été condamné à 25 ans d’emprisonnement. Il a été reconnu coupable de neuf chefs d’accusation liés au terrorisme et aux activités attribuées au Mouvement rwandais pour le changement démocratique/Front de Libération nationale (MRCD-FLN), coalition de partis politiques d’opposition et son bras armé accusé d’avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.
La Belgique, dont les autorités judiciaires ont collaboré à des devoirs d’enquête, ainsi les États-Unis affirment qu’il n’a pas bénéficié d’un procès équitable à Kigali.
Interpellée par les eurodéputés, la Commission européenne a assuré avoir rappelé à plusieurs reprises, et encore récemment, ses préoccupations auprès de Kigali. Elle dit aussi être en contact avec la Belgique qui la tient informée.
Mais le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a également fait observer que le condamné avait droit de faire appel. En outre, « nous notons que les autorités ont corrigé un grand nombre des questions soulevées après y avoir été sensibilisées », a-t-il nuancé.
« Il ne faut pas ignorer non plus les accusations graves portées contre l’accusé et l’ensemble des éléments de preuve portés par l’accusation, dont une grande partie ont été fournis par la coopération des autorités judiciaires d’un État membre », a ajouté Josep Borrell, sans citer nommément la Belgique.