Commentaire par Marie-France Cros.
La fable de La Fontaine « Le corbeau et le renard », moquait la flatterie et ceux qui s’y laisse prendre. Du Burundi, nous vient aujourd’hui une autre version de cette leçon.
Le 19 septembre dernier, le président burundais, le général Evariste Ndayishimiye, embarquait pour la première participation depuis 2011 d’un chef d’Etat burundais à l’Assemblée générale des Nations unies, à New York. Echaudé par le putsch raté de 2015, alors qu’il assistait à un sommet de l’Union africaine, feu Pierre Nkurunziza avait, en effet, évité ensuite de voyager.
C’est alors que, décidé à prouver son zèle partisan, Eric Nshimirimana, le directeur général de la télévision d’Etat burundaise (RTNB), rompit avec l’habitude professionnelle de n’envoyer « couvrir » un voyage à l’extérieur du chef de l’Etat que des journalistes-cameramen expérimentés et sûrs, choisis à tour de rôle parmi les meilleurs de l’entreprise publique. Lui, il envoya un …Imbonerakure, la milice du parti présidentiel CNDD-FDD, nommé Pasteur Niyomwungere.
Or, le zélé milicien n’est pas revenu au pays avec la délégation présidentielle, le 26 septembre. Selon toute vraisemblance, il a préféré faire défection – avec camera et images. Du coup, la RTNB est dans l’incapacité de rendre compte du voyage exceptionnel du chef de l’Etat: elle ne dispose que de quelques courts extraits envoyés depuis New York. Tel est pris qui croyait prendre.
Le peu clairvoyant Eric Nshimirimana se mord maintenant les doigts de son zèle en faveur du parti; à Bujumbura, chacun s’attend à le voir perdre rapidement son poste. D’autres soulignent que la nomination de cet ancien directeur général de la Sosumo, société publique de production de sucre en faillite en raison de la mauvaise gestion, était elle-même une faute, venue du sommet de l’Etat. Là aussi, tel est pris qui croyait prendre…