Le mercredi 29 septembre a eu lieu la tant attendue deuxième « Journée des professeur.e.s » du projet Move with Africa. Pour cette seconde version, les enseignant.e.s et les responsables ONG du projet ont enfin eu le plaisir de se retrouver en face à face, à Bruxelles, pour une après-midi consacrée à l’ECMS (éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire), à ses enjeux pédagogique, aux spécificités des 7 ONG participantes ainsi qu’aux rôles et aux responsabilités de chacun.e au sein du projet.

Move with Africa en quelques mots
Move with Africa est un projet dont l’objectif est de sensibiliser des élèves, du 4ème et 5ème cycle secondaire, aux grandes thématiques de l’ECMS par le biais d’ateliers de sensibilisation organisés tout au long de l’année scolaire. Au travers de ces ateliers, les ONG, Lumière pour le Monde, Îles de Paix, Africapsud, Asmae, VIA Don Bosco, Défi Belgique Afrique et Entraide et fraternité, souhaitent développer les grandes thématiques relatives à l’interculturalité que sont le racisme, les stéréotypes, les préjugés, les différences culturelles, le sexisme, etc. L’objectif est d’apprendre aux élèves à se prémunir des raccourcis dangereux et réducteurs qu’opèrent les esprits lorsqu’ils sont confrontés à des situations, des comportements ou des idées nouvelles. Cette sensibilisation à l’interculturalité est complétée par une explication du travail mené par les ONG en Belgique et en Afrique. Les jeunes découvrent les spécificités du travail des ONG et de leurs partenaires locaux et tentent de répondre à des questions telles que: comment lutter contre l’insécurité alimentaire ? Que faire pour permettre à des jeunes désolidarisés de la société de retrouver un emploi et un environnement sain ? Qui sont les partenaires locaux des ONG et comment travaillent-ils ? De quoi parle-t-on lorsqu’on parle de ferme agro-écologique ? Quelles sont les inégalités Nord/Sud ?

Autant de questions que de réponses à apporter aux élèves pour développer leur esprit critique et les éveiller à comprendre que, dans un monde globalisé, leurs actions n’ont plus un impact local mais bien global. Une fois les élèves et leurs professeur.e.s formé.e.s à toutes ces questions, ils ont la chance d’accompagner une ONG au Bénin, au Rwanda, au Sénégal ou en Ouganda pour une immersion de plus ou moins 15 jours. Durant ce séjour, les jeunes Belges échangent, débattent et partagent avec des correspondants africains de leur âge tout en découvrant la réalité du travail de terrain des ONG.

Témoignages et mises en situation
Pour participer au projet, les écoles sont sélectionnées sur base de candidatures spontanées constituées par deux-trois professeur.e.s de la Belgique francophone. Ce sont elles et eux qui portent le projet et s’affairent tout au long de l’année scolaire à organiser des ateliers, réunions, ventes, récoltes, marche parrainées, dîners et autres activités lucratives pour financer le séjour et les déplacements en Afrique. Dans le même esprit que le scoutisme, les élèves participent activement à cette grande récolte de fonds qui permettra à la plupart de partir à moindre coût. Pour leur venir en aide, La Libre a la chance de bénéficier d’un appui de la compagnie aérienne Brussels Airlines, qui allège depuis bientôt 10 ans le prix des billets d’avion des participants.

Ce sont également les professeur.e.s qui accordent du temps à cette après-midi du 29 septembre durant laquelle les ONG n’ont pas hésité à les sortir de leur zone de confort. En effet, après une courte introduction aux modalités pratiques du projet, la journée a été consacrée à la question des responsabilités de chacun.e dans le cadre de MWA avant, pendant et après le séjour d’immersion. Assi.e.s en cercle, la chargée de projet ECMS d’Îles de paix, Terry Roiseux, lit tout haut des exemples de situations déjà vécues au sein du projet : « Un responsable ONG s’occupe de la gestion des vaccins, passeports, et autres exigences administratives », « Une professeure promet à des bénéficiaires que, une fois rentrée au pays, elle récoltera de l’argent et le leur enverra », « Il avait été décidé que les élèves n’auraient pas de GSM. L’ONG confisque celui d’un élève ». A des situations banales s’opposent d’autres situations plus problématiques. Chacune suscite pourtant la discussion. Est-on d’accord ? Pas d’accord ? Tout le monde prend la parole et, ensemble, les premières lignes directives des responsabilités respectives se dessinent. Entre fous rires et regards sérieux, l’après-midi se conclut par des témoignages d’ancien.nne.s professeur.e.s qui offrent leurs conseils pour vivre au mieux l’expérience Move with Africa.


Un voyage en Afrique malgré le Coronavirus?
Évidemment, la question du Covid-19 reste en suspens pour les professeur.e.s. Au cours de l’édition précédente, seuls quatre groupes sur huit ont pu partir en Afrique. Après de multiples reports de départ, les quatre écoles restantes se sont vues obligées d’annuler définitivement leur séjour. Il est cependant important aux yeux des organisateur/trice.s du projet que le séjour d’immersion soit une étape du processus de formation et non pas le but ultime. « Move with Africa n’est ni un voyage humanitaire, ni un voyage touristique en Afrique » souligne Christopher El Khazen, le gestionnaire de programme ECMS pour VIA Don Bosco. En effet, la formation tente de dépasser les frontières pour comprendre les imbrications des problématiques soulevées et permettre de réaliser que l’Europe, elle-aussi, doit lutter contre la précarité, la pollution, les inégalités, le sexisme ou encore le racisme au sein même de son territoire. C’est ce que soulignent les ONG participantes qui décideront avec les écoles d’une alternative d’immersion, ici, en Belgique, dans le cas où les départs vers l’Afrique seront compromis. Après tout, si le Coronavirus leur a appris quelque chose c’est qu’il faut savoir se montrer flexibles !
