Vaccination anti-covid: le Burundi lanterne rouge

Vaccination anti-covid: le Burundi lanterne rouge

Par Marie-France Cros.

Le Burundi est lanterne rouge en matière de vaccination contre le covid: avec l’Erythrée et la Corée du Nord, il fait partie des trois seuls pays au monde à n’avoir pas encore démarré leur campagne de vaccination. Si la reconnaissance de l’existence de la maladie est le principal changement positif de l’arrivée à la Présidence, en 2020, du général Evariste Ndayishimiye (son prédecesseur, Pierre Nkurunziza, assurait le pays « protégé par Dieu » en raison de sa piété et est vraisemblablement décédé de la maladie) , le pays est encore très loin de combattre sérieusement la pandémie.

Depuis plusieurs semaines, les hôpitaux burundais appellent à l’aide en raison de l’explosion du nombre de malades du covid qu’ils doivent soigner, alors qu’ils ne disposent pas de lits en nombre suffisant, que le personnel est épuisé et qu’il manque cruellement de respirateurs pour sauver les patients en détresse respiratoire à cause du coronavirus. Selon SOS Médias Burundi – qui regroupe des journalistes généralement contraints à l’exil mais qui ont gardé leurs sources d’information – les décès atteignent la « dizaine » certains jours dans un des hôpitaux de Bujumbura.

A la mi-septembre, le ministre de la Santé a reconnu une montée du nombre de cas positifs de covid-19 dans tout le pays, principalement dans les villes.

Mesure tardive et très limitée

Le Burundi n’est pas le seul pays à connaître ou avoir connu cette situation, loin de là. Mais il est un des rares à ne pas faire grand-chose pour y remédier. Ainsi, la seule mesure qui a été prise pour combattre la pandémie – et depuis une semaine seulement et uniquement à Bujumbura, la populeuse capitale économique du pays – est l’obligation de porter un masque dans les transports publics, habituellement bondés, et dans « les rassemblements ». Curieusement, toutefois, les messes, cultes et prières dans les églises, temples et mosquées ne sont pas considérés comme des « rassemblements », quel que soit le nombre de fidèles présents.

En outre, les boutiques et bars sont tenus de mettre à disposition des clients un dispositif pour se laver les mains, faute de quoi ils sont passibles d’une amende de 100.000 FBu (50 euros au cours officiel, la moitié au marché noir).

Cela s’arrête là, alors que dans les réunions de militants du parti au pouvoir depuis 2005, le CNDD-FDD, indique une source de La Libre Afrique.be au Burundi, on affirme sérieusement que la vaccination est une « invention des blancs destinée à stériliser les Burundais ».

Les élites se font vacciner

Pendant que les autorités ne se remuent guère pour protéger les Burundais, elles se font, elles, vacciner. Le chef de l’Etat, le général Evariste Ndayishimiye, est ainsi réputé l’avoir fait en Egypte il y a deux mois, lors d’une visite officielle dans ce pays.

De leur côté, les élites du régime militaire se sont empressées, ces derniers jours, dans diverses ambassades qui offraient la possibilité de recevoir l’inkection. Celle du Kenya – dans le quartier Rohero de Bujumbura – a particulièrement attiré l’attention de photographes amateurs par la profusion de grosses cylindrées soudainement garées devant ses portes…

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