Le président Emmanuel Macron a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi un “succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel” : la mort du chef de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui, tué par une frappe française il y a “quelques semaines” viennent de confirmer les vérifications.
L’EIGS avait été créé en 2015 par Abou Walid al-Saharoui, un ancien du Front Polisario (ex-Maroc espagnol) puis d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. L’EIGS est responsable de la majorité des attaques islamistes dans la région dite “des trois frontières” (Mali, Niger, Burkina Faso). Aujourd’hui, l’État islamique et Al-Qaïda sont rivaux au Sahel.
Six jeunes humanitaires assassinés
Le chef de l’EIGS s’était “illustré” en ordonnant personnellement l’assassinat de six jeunes travailleurs humanitaires français et de leurs guide et chauffeur nigériens le 9 août 2020 au Niger.
La mort du chef terroriste intervient alors que les relations se sont détériorées entre Paris et Bamako depuis le renversement, en août 2020, du président Ibrahim Boubacar Keïta par une junte militaire. Cette dernière a promis des élections pour un retour du pouvoir aux civils en février 2022, mais beaucoup pensent que les militaires veulent rester aux affaires malgré l’échec flagrant de leur précédent putsch.
Leur coup d’État de mars 2012 n’avait en effet pas empêché leur débâcle totale devant une attaque conjointe de groupes armés touaregs et djihadistes étrangers lancée deux mois plus tôt. Les Touaregs avaient été rapidement écartés par leurs alliés – à l’exception des Touaregs islamistes d’Iyad Ag Ghali, issu des chefs traditionnels de Kidal (Nord-Mali) – et les islamistes avaient gouverné le Nord-Mali par la peur durant un an.
C’est l’intervention armée française “Serval” de janvier 2013 qui les avait vaincus, ensuite transformée, en 2014, en “Opération Barkhane” avec les armées alliées du Sahel. Depuis des mois, cependant, les officiers français soulignent qu’une réponse militaire ne suffit pas à vaincre une insurrection islamiste, ceux-ci ayant regagné du terrain, ces dernières années, principalement à la faveur des exactions commises par l’armée malienne contre des civils. Paris tente de se désengager en faveur d’une force européenne, “Takouba”, mais celle-ci n’a guère de consistance jusqu’ici, les autres Européens étant réticents à mettre des forces dans ce bourbier et à participer à une opération militaire pour laquelle la France ne consulte guère ces alliés priés de l’aider.
La junte se rapproche des Russes
Le refroidissement des relations entre Paris et les militaires maliens a poussé ceux-ci à se tourner vers Moscou, où se trouvait le ministre malien de la Défense le 4 septembre dernier pour assister à des exercices militaires. Ces derniers jours, Reuters et l’AFP ont révélé que la junte malienne se préparait à signer un contrat avec la firme de mercenaires russe Wagner. Le patron de celle-ci serait un proche de Vladimir Poutine, Evguéni Prigojine, qui le nie – mais est l’objet de sanctions des États-Unis et de l’Union européenne. Selon les informations de Reuters, le contrat porterait sur un millier de mercenaires, pour un coût de 10,8 millions de dollars par mois.
Paris a très mal réagi à ces informations, indiquant qu’un tel contrat dépasserait la “ligne rouge”. Tout comme Berlin, pour qui il “remettrait en cause” la présence de militaires allemands au Mali comme casques bleus ou comme formateurs.