Par AFP
Deux députés de l’opposition ougandaise ont été inculpés mardi pour avoir prétendument orchestré une vague de meurtres à la machette, qui a fait des dizaines de morts dans le sud du pays. Une décision qualifiée de « persécution politique » par leur avocat.
La région de Masaka, située à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Kampala, vit depuis deux mois dans la terreur de gangs qui ont tué, selon la police, une trentaine de personnes, principalement des personnes âgées, chez elles, la nuit.
« Persécution politique »
Après deux jours d’interrogatoire par la police, Muhammad Ssegirinya et Allan Sewanyana – députés et membres de la Plateforme d’unité nationale (NUP) du chef de l’opposition Bobi Wine, rival du président Yoweri Museveni lors de l’élection contestée de janvier dernier – ont été inculpés par un tribunal de Masaka de trois chefs d’accusation de meurtre et un de tentative de meurtre, a indiqué leur avocat Elias Lukwago.
« Ils ont nié toutes les charges (…) Il s’agit de persécution politique par le régime militaire de Museveni« , a-t-il ajouté. « Nous condamnons dans les termes les plus forts l’utilisation d’un processus judiciaire biaisé pour satisfaire les objectifs politiques d’un parti au pouvoir« , a-t-il déclaré, en indiquant qu’ils seraient maintenus en détention provisoire jusqu’au 15 septembre dans la prison haute sécurité de Kitalya, près de Kampala.
Le porte-parole de la police ougandaise, Fred Enanga, a expliqué que MM. Ssegirinya et Sewanyana avaient été arrêtés après des déclarations de plusieurs suspects les accusant d’avoir organisé ces attaques « pour semer la peur dans la population et amener les gens à haïr le gouvernement ».
Le gouvernement doit protéger les personnes âgées
Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, a affirmé que ces accusations étaient montées par le gouvernement du président Yoweri Museveni pour discréditer l’opposition. « Lorsque le Président a récemment déclaré que l’opposition était derrière les meurtres, nous avons pensé que c’était une mauvaise blague. Mais lorsque la police a convoqué nos députés, nous avons compris que le projet du régime d’impliquer les dirigeants du NUP dans les meurtres était à l’oeuvre », a-t-il déclaré.
Au pouvoir depuis 1986, Yoweri Museveni, 76 ans, a été réélu en janvier pour un sixième mandat, devant Bobi Wine qui a dénoncé une « mascarade » électorale.
Le président du Conseil national ougandais pour les personnes âgées, Charles Isabirye, a pour sa part qualifié les meurtres de Masaka de « choc pour la nation ». »Que quelqu’un tue des personnes âgées qui vivent tranquillement dans leur maison est inconcevable », a-t-il déclaré à l’AFP. « Nous demandons au gouvernement d’assurer la protection des personnes âgées à la campagne et les personnes derrière (les meurtres) doivent être identifiées et punies », a-t-il ajouté.